Blues

Depuis que Nico Duportal s’y est relocalisé, et qu’entre le Beautiful Swamp Blues de Calais et le Bay-Car de Grande-Synthe, une véritable scène locale semble enfin y émerger, la Côte d’Opale est un peu devenue la west-coast des Ch’tis. Avec leur troisième album en cinq ans d’existence, les Blues Eaters y confirment en tout cas leur talent et leur personnalité. Plus que jamais ancrés dans le bon vieux son des années 40/50, ils balisent leur territoire d’emblée: leurs références à Wynonie Harris (“Mr Blues Is Coming To Town”), Roy Brown (“Cadillac Baby”), Jimmy Nolen (“How Fine Can You Be ?”), ainsi qu’au Ray Charles des débuts (“Get On The Right Track”) trouvent ainsi un écho jubilatoire parmi leurs propres compos. Par delà le dynamisme d’une section rythmique en mode swing-jump de croisière, ce sont le jeu et le son, vintage à souhait du guitariste Thomas Hirsch, ainsi que l’impavide conviction de Norman Rosaïa au chant (ainsi qu’aux six cordes et à l’harmo), qui achèvent d’emporter l’adhésion. Écoutez donc ces deux-là se donner la réplique sur leurs épatantes covers du “One Night” de Dave Bartholomew et du “I’m Just Your Fool” de Ella et Buddy Johnson. Le roots-blues de Chicago n’est pas délaissé pour autant, comme en témoigne “My Last Hiding Place”, une compo de Norman dans l’esprit de Muddy Waters, avec une slide aussi tranchante qu’une lame.
Le blues des Frères de la Côte se hisse donc haut et fier: à l’abordage…!