Blues

Originaire de la région de Perpignan, Blues Connexion est une formation franco-britonne, dont le chanteur et harmoniciste, John Hillary, s’avère un vétéran méconnu du blues boom anglais. L’empreinte de cette époque est prégnante sur leurs reprises du “How Blue Can You Get” de B.B. King, ainsi que du “What’s the Matter With the Mill?” de Memphis Minnie et de l’ “Evil” de Chester Burnett (réminiscentes de Chicken Shack et des premiers Savoy Brown), tandis que des compositions aussi convaincantes que “The Snake”, “When The Business Is Done”, “When The Levee Breaks” (où la guitare concède volontiers l’influence d’un certain SRV, tout comme sur “Who’s That”) et la plage titulaire évoquent les Écossais de Blues N’ Trouble (la proximité du timbre vocal d’Hillary avec celui du grand Tim Elliot n’y étant pas étrangère). Si ce bon John se révèle un harmoniciste compétent (et d’évidence marqué par Rice Miller), la seconde arme secrète du band réside entre les mains du guitariste Gilles Viollet. Quand ce dernier privilégie la concision à l’emballement, il s’avère en effet un soliste émotionnellement puissant (“Evil”). Nos lascars se frottent encore au “Mona” de Bo Diddley (lui appliquant un traitement digne des regrettés Count Bishops) et à ce fameux “I’d Rather Bo Blind” dont Stan Webb et Christine Perfect firent en leur temps leurs choux gras. Signalons également la section rythmique, aussi précise que réservée, mais dont l’efficacité n’est jamais prise en défaut. Bien que provenant du Roussillon, voici donc du bon british blues millésimé, dont la sympathique rugosité revêt par moments une subtile touche texane achevant de nous séduire. Un bon cru, en somme.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 29th 2020

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