BLACK SABBATH – 13

Mercury / Universal
Heavy Metal
BLACK SABBATH - 13

On avait fini par se persuader que Never Say Die (1978), huitème album du Black Sabbath d’Ozzy Osbourne (chant), Tony Iommi (guitare), Geezer Butler (basse) et Bill Ward (batterie), groupe-racine de l’arbre généalogique du metal, était testamentaire. Or, après quelques velléités (inédits studio du live Reunion de 1998) et attermoiements (maquettes de 2001 mortes-nées par manque d’implication d’Ozzy, dévoyé par la télé-réalité), les quatre pères fondateurs annoncent fin 2011 un nouvel album: 13 pour… 2013. Car le projet est doublement contrarié: Iommi doit composer avec le protocole de traitement de son lymphome qui impose des absences mensuelles, et Ward, qui s’estime contractuellement floué, se retire. Pour le remplacer, le producteur Rick Rubin impose plus que propose Brad Wilk (Rage Against The Machine) deux semaines avant l’enregistrement. Le batteur, moins percussionniste que Bill Ward, moins puissant que Vinny Appice (Heaven And Hell, l’incarnation de Black Sabbath avec le regretté Ronnie James Dio) et moins technique que Tommy Clufetos (Ozzy Osbourne), semble jouer avec un bracelet électronique. Rubin, qui entend bien revenir au son générique de Sabbath, privilégie non seulement les premières prises pour les soli de guitare (“Damaged Soul”, étiré à l’harmonica), mais s’assure aussi qu’Ozzy, cramé par les excès, geint dans son registre naturel pour éviter la casse en live (“Loner”, sans relief). Corollaire pas très heureux: ce même Ozzy se concentre sur ses rares parties aigues au détriment du feeling, comme sur “Age Of Reason”, aux claviers brumeux. Les textes à l’anglo-saxonne, toujours signés Ward, sonnent plus qu’ils font sens (“God Is Dead”, ses arpèges de détresse et ses riffs macabres). Les diplômés de metal sup’ se délecteront des clins d’œil au passé: la déclamation de “End Of The Beginning” comme sur le premier album de 1970, la voix flangée et les percussions de “Zeitgeist”, moins trippant mais plus mystique que “Planet Caravan”, et l’orage conclusif de “Dear Father”, charge frontale contre les prêtres pédophiles, qui referme de bien belle manière le grand livre du sabbat noir.

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVEROCK & FOLK

PARIS-MOVE, January 13th 2021

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Black Sabbath – God Is Dead? (Official Video):