Blues |
Imaginez deux lascars déjantés qui se retrouveraient dans une braderie spécialisée en vieux instruments de toute sorte. Ce sont eux, et ils ont de l’énergie à revendre. Et peut-être un message à faire passer? Ou bien est-ce tout simplement de la (très) bonne musique parce que les vibrations entre les deux compères sont excellentes?
Le Bluesman de la Rivière Noire chante et joue de la guitare boîte à cigares tandis que son acolyte Mauvaise Lune Hudson tape sur les fûts de sa batterie et chante, lui-aussi. L’instrument utilisé par Rivière Noire est ce que l’on appelle une guitare Johnny Lowebow cigarbox. Elle présente la particularité, grâce à un doubleneck baryton stéréo, de pouvoir jouer de la basse en même temps que de la guitare solo six cordes. Ce qui est commode lorsque l’on joue presque en One Man Band, vous en conviendrez. C’est Jukka ‘Black River Bluesman’ Juhola qui a composé ces morceaux en pièces détachées. A l’exception d’un seul qui a été trituré et gribouillé avec l’aide d’un certain John Gerhard. Le tout fait penser à du bon vieux primitive blues garage déstructuré! Le comble, c’est que ce n’est pas inintéressant du tout. Je ne sais pas si je passerai ce disque en boucle au moment d’aller me coucher ou en invitant une jeune fille à contempler un clair de lune, mais des oreilles averties ne peuvent s’empêcher de s’ouvrir devant un tel amoncellement de sonorités différentes. Neuf pièces sonores sont alignées sur cet opus, chacune assez courte pour que l’on ne se surprenne pas à commencer à zapper. Cela va ainsi de 1’45 pour le titre le plus court à 4’48 pour le plus long, et on apprécie le seuil du raisonnable ainsi fixé. Nos deux musiciens finlandais ne renient pas la filiation avec le Blues d’un R. L. Burnside, par exemple, et il est vrai que la proximité de leur musique avec ce terroir là procure le sentiment d’être en terrain un peu moins inconnu. A découvrir, car le duo et sa musique présentent de l’intérêt.