Blues |
Quinzième album en 27 ans de carrière discographique pour le Viking du blues européen. Même si Bjorn Berge se présente ici flanqué du même discret mais efficace duo rythmique que sur son prédécesseur de 2019, c’est bien le feeling à la fois dépouillé et vigoureux de ses prestations scéniques (forgé au fil d’années de tournées en solitaire) que l’on retrouve ici avec bonheur. Deux plages (“A Matter Of Time” et “Coliseum”, avec leur wah-wah caquetante) empruntent un subtil reggae skank, évoquant tour à tour John Butler et ce qu’en fit en son temps le regretté J.J. Cale. Citant malicieusement le titre de Motörhead qu’il inclut à son répertoire scénique (“Ace Of Spades”), le stomp “I Got It Made” restitue le climat à la fois hanté et habité qui saisit chacun de ses auditoires depuis trente ans, tandis que sa virtuosité s’avère toujours aussi fulgurante sur d’ébouriffants tours de force tels que le vertigineux “Rip Off”. Une boot dans le country blues le plus traditionnel (“Bound To Ramble” et “Stray Dog”, réminiscents des maîtres historiques du genre) et l’autre dans le boogie-blues contemporain (“Alone Again”), Berge accomplit une fois encore la performance d’extirper de sa douze cordes acoustique (maniée alternativement en slide et en picking) une énergie dont maints guitar-heroes électriques peinent à s’approcher. Sur le “Bottle Floats” conclusif, son profond timbre de baryton enroué prend des accents à la Tom Waits, et comme l’on disait d’un certain Wolfgang Amadeus, le silence après Bjorn Berge, c’est encore du Bjorn Berge.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, February 21st 2021
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Et voici un tonitruant retour du bluesman venu du froid. Et loin de nous l’envie de s’en plaindre… Il faut dire qu’après plus d’une dizaine d’albums le musicien s’était octroyé une période de réflexion… salutaire. Puis l’ours était sorti de sa tanière (d’ailleurs björn veut dire ours, en norvégien). Il était revenu sur la pointe des pieds en 2019, avec ll’opus Who Else, et cette fois-ci il nous revient tel qu’il nous avait quittés! Puissant par son chant et gigantesque par son jeu de guitare (principalement à la 12 cordes)! Sur ce Heavy Gauge, on découvre 9 titres composés par le musicien et son compère Ellis Del Sol à l’exception de “Bound to Ramble” du John Butler Trio. Bjorn Berge qui a toujours joué seul sur scène a enregistré ici trois titres avec deux autres musiciens que l’on retrouvait déjà sur le précédent opus: Kjetil Ulland à la basse et Kim Christer Hylland à la batterie et aux percussions. Et si le duo en question l’accompagne sur une tournée que l’on espère prochaine, cela nous promet de belles surprises en Live, car déjà seul sur scène, le Berge envoie grave, avec un jeu de guitare exceptionnel, que ce soit sur les ballades folk, les blues 100% blues ou des morceaux plutôt teintés rock. Et s’il tourne bientôt en France, ne le ratez surtout pas, le Bjorn, car en Live c’est un événement comme il en arrive beaucoup trop rarement.
Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
PARIS-MOVE, February 21st 2021
BJØRN BERGE – The Wrangler Man: