Blues |
Et voilà un album que j’attendais, je dois vous l’avouer, depuis pas mal de temps, depuis des années. Depuis le jour où j’avais proposé à Scott, manager de Billy C. Farlow, de contacter Dave, manager de Mercy, après avoir craqué pour l’album ‘Alligator Crawl’ que ce même Billy C. avait enregistré avec l’ex-guitariste et chef d’orchestre de John Lee Hooker, Rich Kirch.
C’est avec une émotion réelle et une énorme pensée pour Scott et Dave qui nous ont quittés bien trop tôt, que j’ai glissé ce CD dans mon lecteur, avec cette sensation intime que je n’allais connaître que du beau, du très beau avec cet opus.
Rien que le digipack, déjà, superbe, vous donne une idée de la claque que vous allez prendre. Et quelle claque, car non seulement Billy C. Farlow est impressionnant de présence, mais il a trouvé en Mercy un combo à la hauteur de ce projet que fut ‘Alabama Swamp Stomp’.
Parmi les incontournables compos alignées sur cet album, le somptueux ‘Alligator Crawl’ qui figurait déjà sur l’opus portant le nom de ce titre et sorti par Billy C. & Rich Kirch, mais aussi deux ‘work songs’ traditionnels arrangés par Billy C. et qui vous feront dresser les poils tant ils possèdent ce magnétisme, cette force incroyable que les esclaves y avaient injecté.
L’ex-chanteur-harmoniciste et frontman du fameux Commander Cody & his Lost Planet Airmen a toujours cette voix éraillée, à la limite de la cassure parfois, qui prend ici une dimension énorme, à l’instar de la guitare de Jean Paul Avellaneda. Aspirées, l’une comme l’autre, vers les sommets. On a les pieds dans le bayou et la tête dans les étoiles tandis que le soleil couchant souligne la silhouette d’un alligator affamé.
L’ensemble est dévastateur et l’on ne décèle aucune faille, aucune faiblesse à la série des quatorze titres alignés sur cet opus. Enregistré aux studios E.V.S. par Jean-Paul Avellaneda et masterisé au Nerves Wall of Sound Studios par Jean-Michel Bouillot, l’album vous offre une qualité d’écoute impressionnante, comme si Billy C. Farlow et le trio Mercy jouait chez vous.
Accompagnés par Bruno Quinonero à la basse et Stéphane Avellaneda à la batterie (remplacé par Romuald Lopinto pour les concerts à venir, Steph étant désormais le batteur attitré de la belle Ana Popovic, hé oui…!), Billy C. et Jean-Paul Avellaneda vous proposent un CD d’une qualité remarquable qui met parfaitement en relief les qualités des musiciens. La voix est pleine de feeling, captivante, avec ce qu’il faut de rayures pour prouver que la maturité est signe de classe internationale.
Côté compos, impossible d’en faire ressortir certaines plus que d’autres tant l’ensemble est de qualité homogène et interdirait presque que l’on en cite quelques unes. Osant le sacrilège, je me permettrai de citer le premier titre, le sublime ‘Snake Eyes’ sur lequel l'harmonica répond à la guitare et à la voix, l’excellent ‘Runnin’ From The Fire’ avec les discrètes et subtiles envolées de la stratocaster de Jean-Paul Avellaneda, le grandissime ‘Alligator Crawl’, bien sûr, mais aussi ces deux ‘work songs’ que sont ‘Yella Pocahontas’ et ‘Black Lazarus’, sans oublier le somptueux ‘Magnolia Darlin’ sur lequel des chœurs aériens et dévastateurs font écho à la voix de Billy C.
Là où ils se trouvent, Scott et Dave doivent sourire de plaisir en entendant monter vers eux les notes de ce ‘Alabama Swamp Stomp’, se contentant sans doute de lui attribuer le seul qualificatif que l’on peut attribuer à un opus comme celui-ci: monumental.
Il a le look du frère cadet de Tony Joe White et la juxtaposition des deux termes Swamp et Stomp pourrait laisser croire que les mêmes arbres donnent les mêmes fruits. Mais il ne faut pas confondre la boisson alcoolisée et son ersatz sucré et pétillant, qui a son propre goût.
Natif d’un état du sud des Etats-Unis, Billy C. Farlow n’est autre que l’un des leaders du fameux Commander Cody and his Lost Planet Airmen, groupe US qui se forma en 1967 dans le Michigan et qui écuma la planète pour l’abreuver de ses bons vieux rocks, blues & boogies.
La décision prise par le manager de l’artiste américain de rencontrer un jour le manager de Mercy, power trio français, fut le préalable au déclic musical qui se produisit entre Billy C. et Jean Paul Avellaneda, à San Francisco, et qui fut à l’origine de la présente galette.
Après avoir vérifié cela dans les archives de Paris-Move, je peux d’ailleurs vous avouer que c’est après avoir chroniqué l’album ‘Alligator Crawl’ sorti par le duo Billy C./Rich Kirch (ex lead guitar de John Lee Hooker) que Frankie Bluesy Pfeiffer proposa tout d’abord une ITW de Billy C. sur Paris-Move et dans le numéro 41 de Blues Magazine, avant de proposer à Scott, manager de Billy C., de contacter Dave, le manager de Mercy, sûr que de cette mise en relation quelque chose de grand allait pouvoir se passer… Et la preuve que cela était réalisable est là, avec cet album.
Jean Paul Avellaneda aux guitares et au dobro, Bruno Quinonero à la basse et Stéphane Avellanneda à la batterie ne font pas qu’accompagner le chanteur-harmoniciste dans les quatorze compositions proposés sur cet opus. Il y a osmose et fusion des expériences de l’un et des autres, nous offrant un véritable chef d’œuvre de pur blues franco-américain. Un chef d’œuvre qui possède l’énergie, le feeling, et un son envoûtant.
Prochains concerts de Billy C. & Mercy :
le 23 Juin à Ingoldstat, au Blues festival
le 24 Juin à Cruis (04)
le 25 Juin à Ambialet (81) au festival Presqu'île en Blues
Sites à visiter :
www.mercy-evs.com
www.billycfarlow.com
ITW de Billy C. Farlow & Rich Kirch, ici…
ITW de Jean Paul Avellaneda ici…