Rhythm 'n' Blues, Rock |
Une fois de plus, outre les pépites exhumées des docks havrais de Little Bob (Story), on doit au passionné Thierry Cattier et à son audacieux label Cat Records, la résurrection d’un album mythique enregistré entre 1992 et 1995 et incroyablement resté des décennies dans de poussiéreux tiroirs, voire aux oubliettes d’un château féodal, encore plus hanté et plus maléfique que le château d’Hérouville, propriété d’un grand seigneur complètement aliéné, qui en matière de rock’n’roll était plutôt du niveau d’un bouffon aux desseins criminels et irresponsables, avec le fameux chapeau à grelots en guise de couvre-chef… Heureusement que les gueux et autres ménestrels, authentiques aficionados d’une certaine idée du rock, à l’instar de Thierry Cattier, veillaient au grain pour remettre les pendules à l’heure et pour diligenter une opération d’exfiltration classée Secret Défense, digne d’une série noire, sauvetage désespéré de la dernière chance en somme… Je veux bien entendu parler de l’album de Bill Hurley intitulé The Untold Story, des enregistrements qui auront fait couler beaucoup d’encre et défrayer la chronique du microcosme rock, avant, pendant et j’espère après, maintenant qu’il est enfin disponible dans les bacs de toutes les bonnes officines et sur le site du label Essonnien. Qui est Bill Hurley, me direz-vous? Je vais répondre de bonne grâce, pour ceux qui sortent d’un profond coma durant ces cinquante dernières années et à qui l’église avait donné l’absolution, ou bien d’une soudaine et sévère amnésie qualifiée à l’époque d’irréversible par le corps médical, croyant en 2024 que Giscard est toujours Président de la République et que Maritie et Gilbert Carpentier animent toujours leurs grands-messes du samedi soir, avec comme invités permanents Carlos, Joe Dassin, Eddy Mitchell ou encore Sardou, qui avaient aux studios des Buttes-Chaumont, leur rond de serviette, leur bouteille nominative de Chivas, leur brosse à dents et leur lit Picot. Bill Hurley était le chanteur-leader des légendaires Inmates, groupe de garage-rock et de rock’n’roll du Royaume-Uni, qui cassa la baraque au début des 80’s avec des titres comme Dirty Water (The Standells) ou The Walk (Jimmy McCracklin) et avec une multitude d’excellents albums qui suivirent. Bill Hurley c’est d’abord une voix sublime, divine et hors du commun, que Robert Plant de Led Zeppelin classera au Panthéon des plus belles voix blanches du rhythm ‘n’ blues d’outre-Manche. Une sorte de Wilson Pickett blanc et british. Car lorsqu’on écoute attentivement cet opus, le parallèle avec les plus grandes voix de l’histoire du rock et du blues, des voix gorgées de groove et de feeling, s’impose. On pense instinctivement à Southside Johnny, Willy DeVille, Roy Orbison, Meat Loaf, Van Morrison, Tom Petty, Bobby “Blue” Band, Steve Marriott et bien d’autres… Ce grand fan des Rolling Stones période Brian Jones et de Dr Feelgood période Lee Brilleaux, a toujours puisé son inspiration dans les musiques noires. Tous les titres de The Untold Story s’écoutent religieusement et avec délectation, telles d’authentiques pépites. C’est harmonieux et mélodieux, sans pour autant sombrer dans les abymes d’une éventuelle édulcoration superflue. Le rock et son agressivité maîtrisée sont bien palpables dans la tessiture vocale de Bill Hurley, qui n’est absolument pas dans l’épreuve de force ni dans le forcing, mais plutôt dans le contrôle d’un registre organique époustouflant, signature de l’un des meilleurs chanteurs de rock de ces quarante cinq dernières années. Enregistré sous la houlette de Knox Carnochan des Vibrators, cet album providentiel de Bill Hurley s’impose à intégrer rapidement votre discothèque. Un disque INDISPENSABLE à ranger entre Le Chat Bleu de Mink DeVille et Hearts Of Stone de Southside Johnny and the Asbury Jukes, avec à proximité Too Young To Love Me de Little Bob Story cuvée 84.
Serge SCIBOZ
Paris-Move
PARIS-MOVE, March 13th 2024
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Album à commander chez CAT RECORDS