Rock

Je ne vais pas vous raconter ma vie, mais je connais un groupe de potes dans la banlieue lilloise, qui jouent ensemble depuis plus de vingt ans. Aux murs de leur local de répétition trônent des affiches de Dr. Feelgood, Wilko Johnson, Little Bob et BIJOU, leurs références absolues. Figurez-vous que quand je leur ai annoncé la parution imminente d’un nouvel album de ces derniers (certes live, mais bon), ils m’ont acueilli avec une moue dubitative… Alors certes, depuis leur retour avorté de 1989 (sans Dynamite Yan), et l’option SVP (“Sans Vincent Palmer”) du début de ce siècle, Philippe Dauga (dernier membre d’origine) fait un peu figure de “s’il n’en reste qu’un”. Et certes encore, cette nouvelle formation accuse un nouveau turn-over, puisque la guitare de Patrice Llaberia y cède le manche à celle de Frantz Grimm, tandis que le tabouret de batterie accueille le postérieur de Fred Maizier (en lieu et place de celui de Franck Ballier). Ces dispositions domestiques établies, venons en aux faits. Capté (au moins en partie) à Annemasse, ce gig débute sur deux titres issus de l’historique album fondateur du trio: “Danse Avec Moi” et “C’est Un Animal”. Le rythme s’en trouve plus posé, davantage au fond du temps, et la touche pub-rock énervé d’origine cède ici le pas à un tempo plus swamp. Un peu comme un compromis réussi entre Canvey Island et Creedence, si vous voyez le schéma (le premier qui répond “Inmates” a gagné). L’occasion de jauger sur pièce les nouveaux venus: Grimm s’avère une lame racée, qui connaît manifestement ses fondamentaux. Il serait injuste de lui faire le même procès que celui dont on accabla Gypie Mayo. Mettant sensiblement sa personnalité au service de la cause, il en remplit plus qu’honorablement la mission. Derrière les fûts, Maizier assure avec l’aplomb que nécessite le genre: à la fois précis et nerveux, il affiche une impressionnante complicité avec l’instrument de Dauga. “Je Connais Ton Numéro De Téléphone” (qui aurait pu sans peine figurer au répertoire de ces derniers) introduit ensuite une nouvelle compo de Dauga, “Quand Un Amour Prend Fin”, un rock à l’anglaise comme en adaptait Ronnie Bird dans les sixties (en l’occurrence ici, avec une sévère touche Johnny Kidd). Et ce sont encore et toujours ces références (paroles en français, mais rock millésimé maximum R&B) qui caractérisent la poignée de nouveaux titres qu’ose ici proposer BIJOU : de “Descente Aux Enfers” à la plage titulaire (issue de l’album solo de Philippe), c’est bel et bien l’éternel son BIJOU que perpétue sa formation actuelle. Ce que confirme le tiercé final, après une reprise saignante du “Harley Davidson” de Gainsbourg: “C’est Encore L’Automne”, “Comme Tu Es Belle” et “Betty Jane Rose”. En dépit des réserves cauteleuses des pisse-froid, ce groupe n’en est donc toujours pas réduit à un vulgaire tribute band. Bravo les mecs, ne lâchez rien, et merci!!!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

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BIJOU Dauga – “En Public – Sans Pitié” tracklisting:
1. Danse avec moi (Live) 4:26
2. C’est un animal (Live) 3:06
3. (Je connais) Ton numero de telephone (Live) 2:47
4. Quand un amour prend fin (Live) 2:50
5. Au nom de l’amour (Live) 4:09
6. Descente aux enferts (Live) 3:47
7. Sans pitie (Live) 3:49
8. Harley Davidson (Live) 3:06
9. C’est encore l’automne (Live) 3:27
10. Comme tu es belle (Live) 3:08
11. Betty Jane Rose (Live) 3:12
℗ 2018 Aztec Musique