Blues

Septième livraison en seulement trente ans pour ce vétéran de la scène blues de Winnipeg, qui s’est vu décerner l’an dernier l’Ordre du Canada au titre de “sa contribution au Delta et au Chicago blues, ainsi que son influence musicale”. Juste retour des choses, pour BIG DAVE McLEAN, un artiste dont le premier album s’intitulait “Muddy Waters For President”! Produit par le sorcier de la slide Steve Dawson (qui met forcément la main à la pâte, en apposant sa patte spécifique), son dernier né s’avère une collection riche et vivace, où transpire de bout en bout la faconde d’un DAVE McLEAN au sommet de son art. Portée par son feulement à la fois puissant et rocailleux (évoquant parfois le regretté Chester Burnett, comme sur l’épatant “Backwards Fool”), il confirme ici la conséquente palette de ses talents. Épaulé par un gang de musiciens aussi roués que dévoués à sa cause (dont une section de cuivres aux petits oignons, apte à souffler le jump façon Louis Jordan sur “All Day Party”), DAVE McLEAN propose neuf originaux où s’exprime à foison sa verve gouleyante. Les trois covers présentes au menu ne sont toutefois pas en reste, puisqu’il transforme le “Just To Be With You” qui figurait au répertoire de Muddy Waters en tour de force, son chant possédé s’y trouvant relayé par des soli sidérants (l’orgue incandescent de Chris Gestrin et la slide vibrante de Dawson). Il applique au “Voodoo Music” de J.B. Lenoir un traitement Bo Diddley, mais la reprise semi-funky du “Midnight Rider” de Gregg Allman pourra toutefois dérouter. Le non moins cuivré (mais plus chaloupé) “Manitoba Mud” rappelle par contre avec bonheur la truculence du regretté Dr. John, servie de surcroît avec la malice d’un Randy Newman. Cet auteur-compositeur jovial et pertinent conclut sur une note d’espoir en ces temps compliqués, “There Will Always Be A Change”. Souhaitons que ce ne soit que pour le meilleur!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 1st 2020