Blues |
Neuvième album déjà pour ce natif de Caroline du Sud résidant en Allemagne (son précédent, “I’m Your Man”, date de 2013). Rompu à la fière école du gospel, Big Daddy Wilson en conserve les atouts comme certains des travers. Au registre des premiers, une indéniable puissance d’expression, un timbre de baryton sans faiblesse, et une ferveur souvent contagieuse. On peut cependant déplorer chez lui une tendance à un certain pathos, quelque peu suranné. Ce n’est pas par hasard si l’on retrouve ici, omniprésent (en tant que co-producteur et sideman) l’équivalent black de Paul Simon, Eric Bibb… Cela donne tour à tour, sinon le pire, le dispensable (“Mississippi John”, “Like A Sunny Day” ou “Would You Look At That Car”, et leurs lyrics à la mièvrerie assumée). Mais heureusement, parfois aussi le meilleur: “Bullfrog” (qui renvoie aux premiers Taj Mahal), le quasi-Malien “Some Say”, et la plage titulaire ainsi que “Dead End Road” (deux hollers, les pieds bien ancrés dans la glaise du Delta). Complice au long cours de Bibb, le guitariste et pluri-instrumentiste Staffan Astner prodigue l’essentiel de la touche folk qui caractérise cette rondelle… À noter, parmi les guests, le guitariste teuton Kai Strauss, longtemps membre actif de l’european band de Memo Gonzalez. Comme pour tout ce que touche Bibb, le feeling blues peine hélas à percer sous une production trop radicalement clean. Bonnes intentions et bonnes manières ne produisent en effet rarement mieux que de la muzak. Dommage, car mieux entouré, ce Big Daddy là possède assurément le coffre nécessaire pour renverser la table.
Paris-Move
Quand un disque est le lieu de rencontre de trois sommités qui décident de le coproduire ensemble, on peut dire que cela constitue déjà un événement en soi mais quand il s’agit de Big Daddy Wilson, d’Eric Bibb et de Staffan Astner, on peut dire qu’il s’agit là d’une belle petite déflagration qu’il serait impardonnable d’ignorer. D’autant plus que l’annonce de l’événement figure également en bonne page dans la dernière livraison de Blues Magazine…
Ce disque est l’histoire d’une rencontre entre musiciens devenus amis au fil du temps et qui, comme cela semblait inévitable, ont mis un jour leur talent respectif au service d’un projet collectif. Le résultat est là, aujourd’hui, superbe.
Après avoir enregistré 2 albums chez Ruf Records, Wilson Blount finalise présentement son deuxième album chez Dixiefrog. Le disque précédent, I’m Your Man était sorti en 2013 et avait déjà beaucoup fait de bruit dans le microcosme du Blues. 14 nouveaux titres concrétisent cette collaboration parfaite entre les compères devenus complices puisque BDW (Big Daddy Wilson) a composé seul 3 titres, en a composé 7 avec Staffan Astner, qui en a écrit 2 avec Eric Bibb, tandis que ce dernier en écrivait un à son tour, et en cosignait un autre avec Mathis Haug, autre musicien prestigieux de la scène Blues européenne!
Big Daddy Wilson chante et accessoirement joue de la guitare acoustique, Eric Bibb joue du banjo à 6 cordes, de la guitare acoustique, électrique, de la contrebasse, du xylophone et chante, Staffan Astner de la slide guitare, de la guitare acoustique ou électrique, du Dobro, de la steel guitare, de la Diddley Bow, guitare à une seule corde, de la basse, de la batterie, des percussions, de la guitare avec résonateur, du ukulélé et du clavier. Le disque a été mixé et enregistré au Eastwing Studio en Finlande, au Sound Of Hägersten en Suède et au Mühle der Freundschaft en Allemagne.
C’est à un superbe voyage ponctué de Spirituals, de Blues, de Soul, voir de Country que nous convient les trois artistes, secondés également par quelques invités: Olli Haavisto au Dobro, Pepe Ahlqvist à l’harmonica, Kai Strauss à la guitare électrique, Petri Hakala à la mandoline, Paolo Lagramandi à la basse, Roberto Morbioli à la guitare slide acoustique, Nicolo Taccori à la batterie sur Miss Dorothy Lee, sans compter sur un certain nombre de choristes dont les musiciens évoqués ci-dessus et surtout Paris Renita Gilbert sur 5 morceaux.
Un disque à emporter partout avec soi !