Big Daddy Wilson – Love Is The Key

Ruf Records - Socadisc
Blues
Lorsqu’il quitta les USA pour l’Allemagne, Big Daddy Wilson n’avait aucun bagage siglé musique blues avec lui. C’est ici, en Europe, que le chanteur américain emprunta cette route du blues qu’il découvrit à un ‘crossroads’, déclarant qu’en entendant pour la première fois cette musique il eut le sentiment d’avoir enfin trouvé ce qui manquait en lui.
 
Né il y a un peu plus de cinquante ans dans une petite ville de Caroline du Nord, Edenton, composée à 55% de noirs et dont 25% de la population vivait sous le seuil de pauvreté, Big Daddy a connu et vécu tout ce que le blues a traduit en chansons: la misère mais aussi les rires, l’église tous les dimanches, l’amour des femmes et le travail dans les champs de tabac et de coton. C’est à l’église que le jeune Wilson Blount commence à chanter, par plaisir autant que pour vaincre sa timidité d’ado, avant de quitter l’école à 16 ans pour travailler, puis intégrer l’armée. Basé en Allemagne, c’est là que Wilson Blount rencontre celle qui deviendra sa femme ; une femme pour laquelle il s’installera définitivement en Europe et à qui il dédiera sa première chanson, ‘Anna’. C’est aussi en Allemagne que Wilson Blount va découvrir le blues, cette partie de lui qui lui manquait et qui transforma sa vie de chanteur. Place désormais à Big Daddy Wilson et à un premier album enregistré chez Ruf Records.
 
Signe que le lascar a non seulement le talent de chateur mais aussi d’auteur compositeur, ‘Love Is The Key’ propose un superbe mélange de reprises/adaptations et de compos signées Wilson Blount, dont cette première chanson écrite pour sa femme, ‘Anna’, tout comme ce titre, très fortement influencé par son passage de chanteur à l’église, à Edenton, ‘Keep Your Faith In Jah’, ou ce titre aux vibrations jamaïcaines, ‘Dreaming’.
 
Signe que le lascar a du talent et du charisme, cette contribution remarquée de Eric Bibb à la guitare et au chant, sur deux titres, ‘Country Boy’ et ‘Walk A Mile In My Shoes’.
 
Les musiciens retenus par Big Daddy Wilson pour cet enregistrement sont impressionnants et le son, punaise, le son est énorme: que ce soit en acoustique ou en électrique, les guitares sont limpides et lumineuses, soutenues par une rythmique puissante et gonflée à bloc. Et tout ça pour soutenir une voix grave et grasse à souhait qui conclut le set par ‘Waiting On You’. Un bien bel aveu pour un bien bel album.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
 
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