Big Daddy Wilson – Hard Time Blues

Blues
Big Daddy Wilson – Hard Time Blues

Sur Bayou Blue Radio, nous vous avions présenté son EP avec le titre “Hard Time Blues” qui tourne encore sur la station au moment où je vous parle. La première chose qui vous marque, lorsque vous écoutez Big Daddy Wilson, c’est sa voix, cette façon de la placer, toujours sur la corde. Il y a matière, fibre et source profondément humaine et chaleureuse qui sonne comme une invitation à aller sur les traces de cet immense artiste, dans cette petite ville de Caroline du Nord qui l’a vu faire ses premier pas à Edenton, 6.000 habitants, qui comptait 55% d’afros-américains, dont 25% de pauvreté. De cette période, Big Daddy se souvient et nous dit: “Nous étions très pauvres, mais j’ai eu une très belle enfance. Moi et mes sœurs avons été élevés par maman et grand-mère. Nous vivions une vie simple, nous allions à l’église tous les dimanches, à l’école en semaine. Je travaillais aussi à l’époque dans la plantation de tabac et dans les champs de coton. J’étais un vrai garçon de la campagne.”  Wilson chantait à l’église, mais il n’a jamais pensé à monter sur scène: “J’étais extrêmement timide.” Ses tuteurs voulaient bien faire pour ce garçon sans père et ils l’envoyaient souvent à l’église, même pendant la semaine: “Ça ne lui fait pas de mal, ça éloigne le petit Wilson de la drogue et de la rue.”
Il y a un peu de tout ça dans le Blues de Big Daddy Wilson, et des plaies qui se ravivent face au racisme de la période Trump, lui faisant remonter au plus profond de son âme toutes les injustices et turpitudes subies au fil de sa vie.
Hard Times, c’est aussi la suite de sa vie…
Le jeune Wilson quitte l’école à 16 ans et s’engage quelques temps plus tard dans l’armée américaine. Pour un homme noir pauvre dans le sud et vivant dans une petite ville, les emplois sont rares. Après avoir été stationné en Allemagne, le jeune homme a eu le mal du pays: “J’ai découvert que le moyen le plus rapide de rentrer chez soi était de se marier. Ils vous accordent un congé d’environ deux semaines pour rentrer chez vous et vous marier.” Wilson convainc ses officiers de son mariage imminent et retourne aux États-Unis, refusant de retourner en Allemagne. Après six semaines, sa mère était si inquiète qu’elle l’a supplié de retourner dans l’armée. “Et c’est ainsi que je suis retourné en Allemagne.” Et c’est sans nul doute cela qui fait la particularité de Big Daddy Wilson: une culture américaine et une culture européenne qui se mélangent, avec respect de l’une pour l’autre. Wilson rencontre une jeune Allemande… qui devient sa femme. Elle est la raison pour laquelle il est resté et aussi la raison d’un poème qui est devenu la première chanson de Wilson. Et puis Wilson a entendu le blues pour la première fois. À Edenton, il n’avait écouté de la musique qu’à l’église et sur la station de radio country locale. Mais maintenant il va pour la première fois à un vrai concert de blues: “J’ai rencontré le blues ici, en Allemagne. Je ne savais pas ce qu’était le blues avant”, nous dit Big Daddy Wilson. “C’est ici que j’ai trouvé une partie de moi qui manquait depuis si longtemps dans ma vie.”  Il n’a pas fallu longtemps pour que le gars timide qui avait écrit quelques poèmes commence à chercher des mélodies. Il est monté sur scène, a jammé un peu partout sur la scène blues allemande et a fait forte impression avec sa voix chaleureuse et pleine d’âme. Il commence à tourner avec des groupes et en duo, et sort même quelques disques. “Ma sœur a fait tout le chemin pour me voir jouer et elle n’en revenait pas. Non, ce n’est pas mon frère! On dirait que toute ma timidité a disparu – grâce à ma musique.”  Et c’est effectivement ce qui marque, dans l’œuvre de Wilson, cette capacité à créer de magnifique textes et cette apparente facilité à les incarner par la chanson. Si ce nouvel album Hard Time Blues marquera certainement le temps comme étant le meilleur de Big Daddy Wilson à ce jour, c’est parce qu’il y a ici un retour aux sources et à sa ville natale d’Edenton. Mais pour aller visiter Hard Time Blues il vous faudra attendre le 10 septembre et vous rappeler que cet album est classé “Indispensable” par les rédactions de Bayou Blue Radio et Paris-Move. Ce n’est qu’un album, certes, mais si grâce à nous vous découvrez cet artiste incontournable, qui est d’une classe équivalente à un Keb Mo’ ou un Eric Bibb, cela suffira à notre bonheur éternel.

Thierry Docmac
Bayou Blue News – Bayou Blue Radio – Paris-Move

PARIS-MOVE, August 10th 2021

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Big Daddy Wilson / Maybe It’s Time / official video: