BIG CHIEF MONK BOUDREAUX – Bloodstains & Teardrops

Whiskey Bayou Records
Blues, Reggae
BIG CHIEF MONK BOUDREAUX - Bloodstains & Teardrops

La Jamaïque et la Louisiane ne sont distantes que de 1130 miles d’eau salée via le Golfe du Mexique, et de l’aveu même de maints rastas originels, l’influence des musiques métissées de la Crescent City joua un rôle prépondérant dans l’avènement du mento, puis du ska, du blue-beat et du rock-steady qui préfigurèrent celui du reggae (première world music, au sens littéral). Comme le blues s’est piqué de retrouver ses propres racines africaines, le plus ancien Mardi Gras Indian Chief en activité à New-Orleans entreprend à présent le trajet inverse vers la Mecque du reggae ! À peine débarqué à Kingston, Joseph “Monk” Boudreaux y apprit que Bob Marley, prophète disparu d’une religion où spliff et mysticisme persistent à onduler de concert, était également fan de ces musiques créoles que l’on pratique depuis des lustres au cœur de Big Easy. Alternant reggae bon teint (la plage titulaire dans la veine confondante de Gregory Isaacs, “Mr. Okra Man” dans celle de Toots Hibbert, “Kick Me Down” dans celle de U-Roy et “Blues Blues Blues” dans celle de Max Romeo) et rhythm n’ blues obstiné (“Should’ve Been A Preacher Man”, “Choo Choo”, “On Bended Knees”, “Blue Mountains”) , cet album ne répugne pas non plus à revendiquer l’empreinte de John Lee Hooker dans ce qu’il proposait de plus lascif (“Kingston Blues” et “Indian Blues”, avec leur touche “Crawling King Snake” avérée). Aux quelques basic-tracks captés en son studio des Caraïbes se sont ajoutées les prises finalisées au studio Whiskey Bayou que gère Tad Benoît à Houma, au sud-ouest de la Louisiane. Outre celui-ci (qui officie à la guitare, aux claviers et à la batterie tout en co-produisant le tout), le casting assemblé réunit des légendes telles que le violoniste zydeco Michael Doucet ou le grand Johnny Sansone à l’harmonica et aux six cordes. Si vous n’appréciez ni le blues ni le reggae, vous fuirez cette galette comme la peste, mais dans le cas contraire, tentez l’expérience: passé l’effet de surprise, vous ne risquez guère d’être déçu!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 11th 2021

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