Bertrand Charpilloz – Le Fil Rouge

Bertrand Charpilloz / Suisa
Rock
Lorsque l’on évoque un fil rouge (*), on pense de suite au fil conducteur d'une énigme, cette idée directrice qui donne une cohérence à un ensemble disparate, cet élément répétitif, point de repère qui revient régulièrement dans un récit.
 
Placé sous les 12 signes du zodiaque, le premier album de Bertrand Charpilloz est un opus intimiste qui touche à la destinée humaine. Composé de 12 titres reliés entre eux par des signes ou des figures portant le nom des constellations qui s’y trouvent, ‘Le Fil Rouge’ possède donc son propre fil rouge, celui des signes du zodiaque.
 
Mais plus intéressant encore, l’opus possède un second fil rouge, à l’image de Bertrand Charpilloz, tout en subtilité et finesse: celui d’une rencontre de l’auteur-compositeur avec lui-même, au travers d’une vie atypique.
Dans ce parcours initiatique, Bertrand croise le chemin de Philippe avec qui il a fait les 400 coups il y a quelques années et qui se retrouve sur le ‘Fil rouge’ dans une chambre d’hôpital, un jour d’avril 1997. Là, ils se remémorent leurs vies, les amis, les amours,… et notamment un ami qu’ils avaient en commun, et qui est parti ‘Cash’, un soir d’hiver sans laisser de traces.
Ils se souviennent de leurs frasques dans un bar à Kingston où ils se retrouvèrent pieds et poings liés. Ce n’était pas vraiment la ‘Romance’ espérée. Contrairement à celle qu’il espérait vivre avec Isabelle, partie comme une catin et qui lui inspira la chanson ‘Le mal des mots’. Une romance à laquelle on dit ‘Good Bye’ avant d’aller se balader ‘Sur la plage cocotier’ avant d’aller finir la nuit dans les boîtes de nuit, ‘Oui, comme ça’.
Il eut une liaison secrète avec Cécilia et lui proposa d’être sa ‘First Lady’, mais cette vie à 100 à l’heure lui fit perdre tous ses moyens et il se retrouva à faire des petits boulots, comme ‘Planter café’. Et puis un soir, dans sa chambre d’hôtel, il décida de rentrer chez lui, à Lugano, méprisant ‘L’argent des cons’. Il y retrouva Isabelle, lui proposa d’être son ‘Altesse égo’ et de ‘Repartir’ à zéro, pour reprendre le fil d’un nouveau fil rouge.
 
Intimiste, l’opus l’est aussi dans ses orchestrations et ses arrangements. Placée chacune sous un signe du zodiaque, les douze chansons racontent une aventure humaine, un périple intérieur au travers duquel Bertrand Charpilloz se dévoile.
 
L’opus se laisse apprécier en une seule écoute, tout en offrant à chaque chanson son univers musical propre. Pour son premier album, Bertrand Charpilloz vous offre un fil rouge qu’il vous laisse tirer et apprécier à la lumière des 12 signes du zodiaque, le soir, au clair de lune.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
 
 
(*) ‘Fil rouge’: L'origine de cette expression n'est pas précisément datée mais la première trace que l'on retrouve de son concept se trouve chez Goethe, en 1809, dans ‘Les affinités électives’. Voici ce qu’il y écrit: ‘Tous les cordages de la flotte royale, du plus fort au plus faible, sont tressés de telle sorte qu'un fil rouge les parcourt tout entier et qu'on ne peut l'en extraire sans que l'ensemble se défasse, et le plus petit fragment permet encore de reconnaître qu'ils appartiennent à la couronne’. Ce fil rouge était donc à la fois un élément permettant de repérer l'appartenance du cordage, mais aussi quelque chose dont l'absence le rendait inutilisable. D'où le parallèle avec les points de repère dans un récit ou le maintien de la cohérence d'un ensemble.
Bertrand Charpilloz