Blues, Funk, Soul

Mari et femme à la scène comme à la ville, Jade Bennett et Gino Matteo forment un couple uni depuis leur première rencontre en 2010. Gino officiait alors en tant que guitariste en titre de Sugaray Rayford, avec lequel il tournait (et enregistra l”album “Southside”, où Jade assure les chœurs). C’est sur le label maison de Mike Zito (et avec l’apport bienvenu du wonder Kid Andersen) qu’ils publient leur premier album en duo. Capté dans les fameux studios Greaseland que manage Andersen à San Jose, California, c’est une bombinette à fragmentation où se déclinent sans complexe plus de 50 nuances de funk et de blues. Ainsi du “Doesn’t Really Matter” d’ouverture, au groove réminiscent des premiers efforts d’Anders Osborne chez Okeh: sur un New-Orleans funk beat, les six cordes de Gino et du Kid explosent en cocottes et wah-wah à têtes chercheuses, tandis que Miss Andersen en personne y assure les chœurs. Avec sa surf guitar et l’orgue de Jim Pugh, “Shiny Creatures” n’aurait pas déparé la B.O. du “Sailor & Lula” de David Lynch, tandis qu’une reverb vintage y nimbe le timbre puissant de Jade pour en souligner la portée évocatrice. Nos tourtereaux s’avèrent également capables de verser dans la ballade southern soul, et si “Believe In Me”, “Moving On”, “Paid & Broke” et “Table For Two” confirment leur indéniable talent pour ce genre, c’est quand ils assument leur inclination funky qu’ils s’avèrent les plus probants. Ainsi de “When I Close My Eyes” (héritier de Stevie Wonder, auquel se réfèrent le Fender Rhodes de Pugh et l’harmonica de Nic Clark) et “You’re Nothing”, où le solide vibrato de Bennett avoisine ceux d’Aretha Franklin et Randy Crawford, tandis que les Sons Of The Soul Revivers y prodiguent des chœurs millésimés. Avec un soupçon de rock nineties (ce “Warm Inside” façon Concrete Blonde) et de kozmic blues again, mama (“Oh Lord”), le Bennett Matteo Band revendique pour éclectique le caractère quelque peu hétéroclite de sa première livraison. En dix originaux, la puissance de feu de ces nouveaux Bonnie & Clyde ne fait en tout cas aucun doute.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 17th 2022

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