Blues

Ayant débuté sur scène dans l’orchestre de son pére dès l’âge de de 13 ans, le pianiste et chanteur de Cincinatti Ben LEVIN propose déjà un second album avant même son vingtième anniversaire. Repéré chez nous lors du fameux festival boogie-woogie de Laroquebrou, et considéré chez lui comme un jeune prodige, il en récuse les termes au regard de la somme de travail que lui demanda son apprentissage. Piochant allègrement dans la discothèque paternelle, il eut pour mentor le mogul de la scène locale, Ricky Nye. On le sait bien, en matière de blues, les aînés prirent de tout temps leurs cadets sous leur aile (ce que fit en son temps le grand Muddy Waters pour ces blancs-becs de Paul Butterfield, Mark Naftalin et autres Bloomfield). Cette tradition se poursuit de nos jours, puisque l’on trouve ici à ses côtés rien moins que deux des Bob les plus influents de ces dernières décennies: Margolin à la guitare, et Corritore à l’harmonica. Par déférence envers ceux qui le précédèrent, la plage titulaire s’inscrit dans la ligne des ballades louisianaises dont Fats Domino faisait son ordinaire (de même que “I Wanna Hug Ya, Kiss Ya, Squeeze Ya”, et comme son titre l’indique, la rumba instrumentale “Creole Kitchen”, en hommage aux Archibald, James Booker et Professor Longhair du cru). Parmi quelques figures obligées de blues classics (“Confessin’ The Blues” de Jay McShann, “I Feel So Good” de Big Bill Broonzy ou l’instrumental “Lightnin'” de James Cotton, sur lequel Corritore et Margolin s’en donnent à cœur joie), notre perdreau glisse quelques compos dans le registre chicagoan (“Load Off My Back”, de facture Jimmy Reed, ainsi que “Open Late”, dans la veine de Pinetop Perkins et Otis Spann) ou dans celui de Roosevelt Sykes (“So Soon”). Co-produit par Ricky Nye, le bassiste Chris Douglas et le père de Ben, Aron Levin (également présent à la guitare), ce disque confirme l’ébouriffante assimilation d’un bon demi-siècle de tradition par cette si jeune âme. Si vous aimez votre blues vivace, mais néanmoins orthodoxe et millésimé, voici votre pitance assurée.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 10th 2019

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