BEN KUNDER – Better Human

Comino
Pop

Comme l’écrivit si bien Serge Loupien à propos des paroles du “All Things Must Pass” de George Harrison, “c’est l’archétype du grand disque dont il vaut mieux ne pas savoir de quoi il s’agit”. Car pour ce second album de Ben KUNDER, dès la chanson-titre qui en ouvre le ban, on se trouve confronté à la tentation d’ouvrir la boîte à gifles. En effet, on s’en tamponne qu’il “travaille plus dur chaque jour pour devenir un meilleur être humain”. C’est vrai, quoi, on n’est pas un groupe de parole chez les Alcooliques Anonymes! Et si son communiqué de presse indique que “Ben KUNDER est le genre de type rêvé pour vous faire la conversation lors d’un vol au long cours”, on se prend à frissonner au souvenir de tous les témoins de Jéhovah dont on a eu la plus grande peine à se débarrasser par le passé. Jusqu’à la moitié de notre écoute, on croit l’affaire pliée: des niaiseries comme ces “Jessi” (“dis moi donc ce que je fais de mal”) et “Better Days” (sic) ne plaident en effet nullement pour sa défense. Et puis déboule insidieusement ce “Fight For Time”, qu’on dirait ciselé par un Ron Sexsmith en lévitation. Il est vrai que ce titre bénéficie de la plume collaborative de Maia Davies, de Ladies Of The Canyon. Seulement, le bougre abat ensuite une carte maîtresse, “Hard Line”, ballade élégiaque digne d’Harry Nilsson. Tout y est: ce piano languide mais déterminé, cette batterie qui piaffe tout en maintenant le trot, ces crescendos de cuivres et cordes (au synthé, certes, mais tout le monde ne peut pas se payer un orchestre symphonique). Et alors qu’on ne s’y attendait pas, nous voici au tapis: la plage à se repasser en boucle, comme un “Good Vibrations” perdu sur une compile de Jan & Dean. Du coup, la valse countryfiante “I Will Be Your Arms” passe aussi la rampe (si l’on ne prête pas trop attention aux paroles, qui en appellent à des “sisters & brothers” que l’on croyait eux aussi révolus). Bénéficiant du renfort conjoint d’un piano estampillé Leon Russell et d’un orgue façon “Blonde On Blonde”, “Lay Down” n’en arpente pas moins les platebandes des Eagles circa “The Long Run”, mais demeure un bon point supplémentaire. Avec son quatuor à cordes et sa prière quelque peu pathétique, “Come On” réinstalle le doute, que “Night Sky” (ode à son fils nouveau né) peine à dissiper. Sommes-nous en présence du nouveau Gerry Rafferty…? À vous de décider.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

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