BEAUWATER – Who Works For Who?

St Johns
Blues-Rock
BEAUWATER - Who Works For Who ?

Provenant de la côte à l’extrême Nord-Est du Canada, le trio Beauwater pourrait facilement susciter les clichés. Ainsi de celui de “meilleur groupe de rock sudiste au Nord des Grands-Lacs”, ou encore de “time-capsule seventies égarée au 21ème siècle”. Et il est vrai que nombre de ces raccourcis ne seraient pas usurpés, tant les références du troisième album de cette formation de St. Johns (presqu’île d’Avalon and Labrador, en Terre-Neuve) se situent à équidistance de Lynyrd Skynyrd (la plage titulaire, ainsi que “The New Disease” ou encore “Poison”) et Led Zeppelin (“Tonight She’s Gonna Burn” pouvant postuler sans complexe au statut de challenger de “Since I’ve Been Loving You”). Il n’est pas faux non plus qu’avec le renfort de l’harmonica incendiaire de Kelly Hoppe (Big Sugar) et les claviers de leur producteur (Chris Kirby), l’impressionnant guitariste-chanteur Jonathon Reid, le bassiste Greg Newhood et le batteur Michael Maddox pourraient aisément prêter le flanc aux procès en anachronisme. Mais s’il peut également verser dans le Texas-shuffle façon Stevie Ray Vaughan (“Flavour Of The Week”) ou le heavy blues à la Howlin’ Wolf (“The Real McCoy” et “Nodding Off”), ce combo n’en sait pas moins échapper aussi aux ornières (re)battues. Ainsi du swing jazzy “The Broken Man Behind The Wheel”, ou du funk façon James Brown de “Long Way Down” (tous deux rehaussés de cuivres pimpants). De fait, les principales formations auxquelles on songe à rapprocher Beauwater s’avèrent bien plus contemporaines. Il s’agit de deux autres trios: Simo (de Nashville) et Gravy (de Birmingham, Alabama), des références qui devraient suffire à convaincre les actuels amateurs du genre, s’il en fut. Un album d’une écoute hautement gratifiante, assurant avec panache la pérennité du genre.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 1st 2020