Beast – Beast

(AZ)
Rock
Le nom du duo, déjà, est un signe. Attention, car la bête est là, sorte d’hydre à deux têtes composée d’un multi-instrumentiste producteur bien allumé, Jean-Phi Goncalves, et d’une voix féminine féline et sauvage, Betty Bonifassi. Et la bête n’est pas du genre à se laisser domestiquer ou apprivoiser.
 
Cela donne un opus de douze titres d’où sortent flammes de l’enfer et arc en ciel aux teintes psychédéliques. Cela vous donne un son à nul autre pareil sur lequel la voix de Betty se balade avec l’aisance déconcertante d’un funambule perché sur son câble, à des kilomètres de hauteur et que l’on sent si proche de soi, toutefois. C’est aérien et présent à la fois, intense et immense, comme si plus aucune frontière vocale ne pouvait délimiter les frontières de l’organe féminin en plein envol.
 
Cela donne un opus où le jazz fusionne avec l’électro, ou la pop s’entrechoque avec le rap, où le rock s’accouple avec la soul. Cela vous donne des morceaux aux dimensions énormes, irréelles, comme ce ‘Ashtray’ sur lequel la voix de Betty Bonifassi s’envole jusqu’à faire fondre le soleil, avant de revenir vous mordre dans le cou et vous offrir le plus intense des baisers.
 
Côté orchestration, Jean-Phi Goncalves jongle avec les styles comme un Dieu du cirque sur la piste aux étoiles, distillant çà et là des soupçons de claviers, de batterie, de guitare, de sample à faire frissonner le plus brillant des ingés son. Cela vous donne des mélanges aux harmonies richissimes, somptueuses et qui brillent de mille éclats. Cela vous donne une musicalité folle qui vous élargit l’espace de votre salon, repousse les murs, le plafond, le sol et vous vous envolez, vous planez, vous flirtez avec cette voix féminine qui vous attire, vous entoure, vous happe, pour mieux vous faire replonger dans la dure réalité. Car, oui, c’est déjà fini, et les douze titres se sont envolés comme s’envole le temps, avec cette insouciance qui vous fait, enfin, appuyer sur la touche replay.
 
Il ne vous manque plus que les ailes, que vous offre d’ailleurs le duo sur ‘Arrow’, et vous vous envolez à nouveau, vers un nouveau voyage musical dans ce trip hop qui vous file la dose de bonne humeur qui fait tellement défaut à pas mal d’opus qu’on vous propose actuellement.
 
Et attention à vos doigts, car la bête est là, et sera toujours là, près de vous, car vous ne pourrez plus vous passer d’elle, et elle le sait. Attention, la bête n’est pas du genre à se laisser domestiquer ou apprivoiser.
 
Un album à posséder de toute urgence car la bête est là, en vous.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
Beast