Blues-Rock, Pub Rock |
Depuis BB King, on en a connu, des BB… De B. Bumble And The Stingers à BB & The Blues Shacks en Germanie (puis à nos propres BB Brunes), en passant par la case ciné avec bien sûr Brigitte Bardot, sans oublier “La Vérité Sur Bébé Donge” de Henri Decoin (avec Danièle Darrieux). Mais BB et ses Cartouches, dont voici le premier album, on découvre… En dépit de leur blase aux connotations NRA vaguement confédérées, il ne s’agit pas d’une formation sudiste américaine défendant le droit au port d’armes, mais d’un trio néo-zélandais (vous situez la Nouvelle-Zélande? Mais si, cet archipel au grand large de l’Australie, d’où furent bannis en 65 les Pretty Things à la suite d’une tournée calamiteuse, où réside Phil Rudd, batteur caractériel d’AC/DC, et qui nous a jadis donné Split Enz, ainsi que plus récemment Tami Neilson, chroniquée ICI). Menés par le guitariste tétanisant Brian Baker, ces lascars ne sont toutefois pas tombés de la dernière pluie, et l’on décèle chez eux (outre leurs références) quelques tours de compteur au tableau de bord. C’est le patron qui mixe et produit ces douze bastos captées at home (studios Nixon Street Recordings à Whanganui), et il ne répugne pas à livrer quelques secrets de fabrication: “J’ai cherché à conserver le son live du trio. Tout repose sur la batterie, ce magnifique kit Sonor, et la façon dont Brad en joue. Je n’ai pas ajouté trop d’overdubs, et j’ai évité les claviers“… On croirait ouïr la lecture du bréviaire sacré de Saint Vic Maile, ce que confirme d’emblée l’original “Something In The Water”, aux remugles pub-rock mâtinés d’early-ZZ Top (rythmique greasy, choruses de six cordes en flammèches et backing vocals virils). Histoire d’achever de planter le décor, nos nouveaux amis enchaînent avec le “Born Under A Bad Sign” de William Bell et Booker T (pas celui de Richard Hawley, donc, mais cette tuerie sur laquelle Cream et Albert King firent main basse en leur temps), et on commence à mesurer à qui on a affaire. Comme dans tout power-trio qui se respecte, la rythmique abat un boulot monstre derrière le soliste, qui se sent dès lors les coudées franches pour gravir les cimes. Sauf que, terreau oblige, l’affaire est cette fois pliée en moins de trois minutes chrono. On n’est pas venus pour se répandre, et comme disait Tuco dans “Le Bon, la Brute et le Truand”: “when you’re going to shoot, then shoot, shoot, don’t talk“. La plage titulaire fait néanmoins entorse au dogme énoncé, en accueillant les claviers d’Eddie Rayner (ex-Split Enz, tiens donc), passé en voisin à l’heure du thé. Et c’est le genre de blend, entre classic-rock et ballade celtique, tel qu’en torchaient en leur temps les Who circa “Who’s Next”, et Thin Lizzy période “Jailbreak” (dont on retrouve également la marque sur le “Big Boot Running” final). L’album oscille ainsi entre deux rives: covers millésimées Dr. Feelgood (“I Can Tell” de Bo Diddley – en twist, Benoît – “Walking The Dog” de Rufus Thomas, expédiée façon Pirates), hommages à BB King (“Thrill Is Gone”) et… aux Beatles (avec “I Want You (She’s So Heavy)”, en une version à décorner les phacochères), le tout entrelardé de compos imprégnées de Rice Miller (“Seven Ways To Sin”) et Steve Miller (“Little Fishies”) – si j’étais le patron des brasseries Miller, j’endorserais ces garçons sur le champ! Le Hendrix bluesy en mode Robin Trower n’est pas en reste non plus, avec “Letting Go” et l’instrumental effréné “Brian’s Boogie (Hurry Home)”. L’occasion de se souvenir que 40% de l’effectif des injustement oubliés Count Bishops provenait de la grande terre australe voisine (leur second chanteur, Dave Tice, et le batteur Paul Balbi étaient en effet Australiens). Blues-rock des Antipodes, vous dîtes? Personnellement, je serais plutôt pour.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, July 19th 2025
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