BATMOBILE – Brand New Blisters

Butler Records
Rock

Ce qui me séduit dans le psychobilly, ce ne sont ni les déguisements démarqués d’Halloween, ni l’esprit de troupe qui va avec. C’est plutôt un élément qui semblait perdu (comme dans le rap), à force de calques successifs des générations se réclamant du même mouvement. Formés voici plus de trente ans, les BATMOBILE ont préservé les deux fondamentaux du genre : profonde culture de ses canons, et esprit insurrectionnel hérité du punk. Vingt ans qu’on l’attendait, ce douzième LP des Bataves mobiles. Ou plutôt qu’on n’y croyait plus. En le recevant par la poste, on craignait le pire : l’arthrose avait-elle causé à nos étendards européens les mêmes ravages qu’à nombre de formations de la même époque ? Comment poursuivre la même croisade juvénile à l’aube de la cinquantaine ? Le trio de Rotterdam assène à toutes ces préventions le plus cinglant des démentis. En se répartissant la signature des quinze plages (douze pour le leader, Jeroen Hammers, trois pour le batteur Johnny Zuidhof, et une pour le bassiste), nos lascars accomplissent l’exploit d’ajouter une pierre de choix à leur œuvre, pourtant déjà conséquente. Quasiment que des hymnes (“It’s Rock & Roll”, “Demolition”, “From The Get Go”, “Apeface”, “Big Bob”…), du genre à réconcilier vieux Teds historiques et hooligans de Chelsea. Frénésie de chaque instant, avec deux brefs moments de répit (“Rest in Peace” et “Spider Sylvia”). L’hystérique “Motherfuckin’ Hippie” sonne comme les Cramps sous speed (pléonasme), et le manifeste “Rock & Roll & Alcohol” démarque le riff de James Bond avec la réverbe de circonstance.
Bon Dieu, c’est trop bon, cette rondelle ne veut plus quitter le chauffe plat. Je file chez mon perruquier m’acheter une moumoute à banane – ils passent où, les BATMOBILE, cette semaine ?

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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder