BARTON HARTSHORN – Not What I Expected To Hope For

Spozzle / Suxeed / Inouïe
Folk, Pop
BARTON HARTSHORN - Not What I Expected To Hope For

De combien de masques aura donc encore besoin Duncan Roberts, avant que l’évidence n’éclate aux tympans du plus grand nombre? Car Barton Hartshorn n’est jamais que le second faux-nez derrière lequel se cache le leader du défunt groupe franco-anglais Dictafone (un E.P. et deux albums magistraux au compteur, à ne pas confondre avec leurs quasi-homonymes teutons, Dictaphone). De père briton et de mère française, ce surdoué aux faux-airs de dilettante alterne depuis une bonne quinzaine d’années (et sur trois continents) carrière solo underground, projets collectifs et jobs alimentaires (cuistot, batteur de tournées pour artistes australiens, etc.). Après son “I Died Of Boredom And Came Back As Me” (dont on guettait la suite depuis trois ans déjà), sa B.O. d’un film avorté (“Twelvemonth”) n’avait pas comblé nos attentes. Autant dire qu’on l’attendait au tournant, le demi-sel, et que cette fois son numéro de professional escapist risquait fort de tomber à plat. Entre références ouvertes à Elvis Costello (“watching the detectives”) et Ray Davies (“they’d set up on the village green”), “I Got Away (But You’re Here To Stay)” sème des cailloux cousus de fil blanc, avant que le single extrait de l’album, “Listen For A Change”, ne le positionne à équidistance de Steely Dan et du Stiff Little Fingers de “Now & Then”. OK, Duncan, where do we go from here? Le spleen coupable de “Forbidden Days” et du splendide “Still Life” (qui s’ouvre sur le vers titulaire) apporte un élément de réponse, en évoquant celui d’Edwyn Collins circa “Gorgeous George”: même souffle littéraire, et même pathos dénué de complaisance. Et dès lors tout est pardonné, Barton Hartshorn n’était donc en définitive pas qu’un simple feu follet. Auteur-compositeur capable de laisser mitonner sa production le temps nécessaire à son indispensable maturation (espèce en cruelle raréfaction), Barton Hartshorn livre à nouveau un bouquet riche de senteurs capiteuses, animé de cette même prolixe inspiration qui nous avait tant séduits de prime abord. Les sensibles “Message Back To You” et “The Gold Black Vacuum Of Your Past” tutoient les Colin Moulding et Andy Partridge de “Oranges & Lemons” – guère loin du McCartney que l’on préfère à celui de Wings, en somme – tandis que “Like The Sea” rappelle les sagaces débuts de Blur, et “Rumours” la verve tongue-in-cheek de Donald Fagen et Walter Becker. Un peu comme du yacht-rock qui croiserait par temps couvert, ce futur classique se conclut sur une version transposée du “Madeleine” de Brel, “If You Were Coming, You’d Be Here By Now”. Qu’on se le dise, Duncan Roberts is alive & well, and he lives in Paris.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 21st 2021

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