| Rock |
Du glam en 1986? Et dans l’Hexagone, en plus? Vous plaisantez, j’espère? Attendez, laissez moi me souvenir: le glam, c’était bien cette hype made in England, dont les chantres avaient pour noms Marc Bolan, Slade, les Sparks et Suzy Cointreau (pour le meilleur), ainsi que Sweet, Mud, Alvin Stardust et Gary Glitter (pour le davantage racoleur)? Mais à Toulon quinze ans plus tard, tandis que Best plaçait U2, Simple Minds et Iron Maiden en couverture? Au beau milieu de ce terreau raston et homophobe investi par les zélateurs du Duce Le Pen, l’entreprise tenait davantage du kamikaze que de la croisade! Il faut toutefois se remémorer qu’au creux de la vague glitter s’étaient glissés, plus ou moins à l’insu de leur plein gré, quelques combos électriques maudits tels que Mott The Hoople, Alice Cooper et les Stooges circa “Raw Power”. C’est manifestement sur ce versant du phénomène que nos Toulonnais au teint crayeux de Bad Losers étaient allés puiser leurs références. “Evil Sacrifices” et “Take A Fall” ravivent ainsi les spectres des Dogs de “Walking Shadows” et du “Kill City” de la paire Williamson/ Osterberg, tandis qu’avec leurs guitares abrasives et ces chœurs hérités des girl groups, les trois premières plages exsudent à plein nez leur pesant de New-York Dolls (de même que “Roy”, “One Of The Boys” et “Century Jane”), et qu’aucun doute ne peut subsister quant à l’identité des protagonistes auxquels ils dédient un titre comme “Ann Arbor”. Avec ses riffs au rasoir et sa wah-wah nerveuse, “Prostitution” assume pour sa part une filiation décomplexée avec les Stones de “Fingerprint File”. Augmentée des quatre plages d’un E.P. alors avorté, cette réédition des sessions produites à Abbey Road par Dave Goodman (dans un luxueux format digipack) fleure également l’influence des défunts Lords Of The New Church et de Mink De Ville (le classieux “Girl In Uniform”, avec harpsichord et cuivres millésimés). Les bonus incluent d’ailleurs une jam impromptue avec le hautement regretté Stiv Bators (captée live au New Moon) sur le “Honky Tonk Women” des qui-vous-savez, et une version studio demeurée inédite à ce jour du “I’m Waiting For The Man” du Velvet. Bref, si vous imaginiez qu’hormis les guère moins éphémères Frenchies de Jean-Marie Poiré (alias Martin Dune), la France n’avait jamais lancé de réplique crédible au rock effronté de la bande à Thunders et Johansen, voici de quoi vous détromper en beauté!
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, May 7th 2021
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TRAILER – BAD LOSERS CD:
https://www.youtube.com/watch?v=NOh7RZGof7A
BAD LOSERS – Eldorado – 1er mars 1986:
https://www.youtube.com/watch?v=vgEO3_ddHJY
BAD LOSERS – (Losers) On Main Street – French TV 13-03-1986: ICI
