BACK TO THE ROOTS – 20 Years On The Mystery Train

Association Sam Blues
Country Blues
BACK TO THE ROOTS - 20 Years On The Mystery Train

Dans les Hauts-de-France, on surnomme les habitants du bassin minier (et par extension ceux du Pas-de-Calais) les Boyaux Rouges (alors que dans le reste de l’Hexagone, on désignait plutôt les ouvriers de la mine comme les Gueules Noires). Tandis que l’on se perd en conjectures quant à l’explication étymologique du terme, cela fait un quart de siècle que du côté de Méricourt, le blues en sol mineur s’intitule quant à lui Back To The Roots. Jalonné de pas moins deux albums studio et deux albums live, leur parcours s’enorgueillit (à raison) de premières parties prestigieuses (Bernard Allison, Hot Tuna, Jimmy Burns, Keith Dunn, Ana Popovic, Tom Principato, Lurrie Bell et John Primer, parmi bien d’autres), ainsi que de prestations remarquées lors de nombreux festivals. Puisant son inspiration dans le country blues américain, ce quintette à géométrie variable (il s’agissait à l’origine d’un simple trio, qui s’augmente désormais d’une contrebasse, voire d’un piano) publia un premier album dès 1998 (16 Blues). Si elle n’obère pas leur chaleureuse dimension live, cette anthologie témoigne aussi de l’éclectisme de leur répertoire où, parmi des classiques de Muddy Waters, Rice Miller, Leadbelly, Robert Johnson et Mississippi Fred McDowell, se glissent quelques covers plus contemporaines (leur épatante adaptation instrumentale du “Sunny” de Bobby Hebb, celle de “Little Wing” du divin gaucher ou les transpositions country du “Honky Tonk Women” des Stones et du “Proud Mary” de CCR). Depuis leur chouette version ragtime instrumentale du “St. Louis Blues” de W.C Handy jusqu’à celle du “Time For Movin’ On” de Walter Trout, et de leur “Hans Olson Boogie” (capté live avec l’intéressé) à leur seul titre original ici présent (“The Man Behind The Guitar” d’Alain Augustyniak), cette rétrospective permet d’apprécier le haut niveau de jeu des membres (actuels et passés) d’un band dont chaque prestation confirme l’investissement et la passion. Le mastering est de première bourre, et les amateurs de picking acoustique, de slide guitar, d’harmonies vocales et d’harmo juteux ne seront pas déçus. S’ouvrant et se refermant symboliquement sur deux prises distinctes (et distantes de deux décennies) du standard de Junior Parker dont un certain Elvis Aaron Presley restitua à ses débuts une sémillante version, cette remarquable galette atteste de la vitalité d’une formation ayant su maintenir contre vents et marées son parti pris acoustique (à l’instar de ses co-régionaux de Walkin’ Blues). A noter: l’artwork est signé Alain Boudaïa, déjà auteur voici bientôt trente ans d’un désormais très prisé (et recherché) recueil graphique à tirage limité sur Robert Johnson.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 4th 2022