Back Door Men – What’s new in the blue world?

Autoprod.
Blues

Autant je n’avais pas accroché au précédent opus pour cause de mauvaise prise de son et de mixage, autant là, je dois dire que j’ai accroché. Ou, mieux dit, le quatuor m’a accroché et m’a embarqué avec lui dans son trip. Faut dire que j’avais envie, moi aussi, de voir ce qu’il y a de nouveau dans ce monde bien bleu et du coup, j’ai enfilé le blouson, avalé un bon verre et glissé quelques cailloux dans les poches. Pas pour retrouver mon chemin, façon Poucet pas si petit que ça, mais pour les refiler à Thierry Gautier, le guitariste et chanteur du combo dont la gorge est un chemin de traverse où traînent déjà pas mal de caillasses.
Pour tout vous dire, j’adore ce genre de voix dans lesquelles on retrouve tous ces rades et ces juke joints dans lesquels on aime traîner dès qu’on a le blues. Ces endroits enfumés où l’alcool devient une maîtresse possessive, une amante religieuse qui vous dévore après l’accouplement, ces lieux aux lumières blafardes et où les vibrations sont incessantes, prenantes.

Sur les dix titres alignés ici, le quatuor habituel composé de Sylvain Tissier à la guitare, Sébastien Larreur à la batterie et aux claviers, Jacques Dahan à la basse et donc de Thierry Gautier au chant et à la six cordes, s’est fait accompagné de Bruno Rouillé à l’harmonica, de José Baloche à la trompette et David Billard au saxo ainsi que de Adeline Doré aux chœurs. Et ces invités donnent à des titres comme ‘No Sleep Blues’ ou ‘Tell Me Captain’ des couleurs lumineuses et cuivrées. Avec toujours cette putain de voix chargée de graviers comme pas possible et qui vous scotche sur le carreau.

Toutes les compos, les onze, sont signées Thierry Gautier et sont garanties crades et poisseuses à souhait. Le lascar au chapeau est du genre renard des marais et son blues vous colle à la peau et aux os comme si vous veniez de croiser le diable au Crossroad. L’harmo de Bruno Rouillé vous hante les titres comme l’ombre d’un vieux bluesman oublié et qui erre encore et toujours à la recherche de ce qui devait être son juke joint. On est comme lui et comme Thierry et on cherche son chemin sur ‘My Own Little Way’, avant ce ‘Rendez-Vous’ qu’on va finir par rater, et puis tant pis, car on se retrouvera tous, lui, moi et vous, ‘Saturday Night At The Joint’.

Un album qui colle enfin à ce que sont les Back Door Men: des potes qu’on croise au fond d’un rade et qui vous refilent un blues bien crasseux, sans chichi et sans rajout marketing. Du pur et dur, comme on en trouve parfois au milieu des graviers, là, sur le chemin.

Back Door Men