B.T.C Blues Revue

Dixiefrog
Blues

L’union fait la force, dit-on. C’est l’idée qui a dû présider à la réunion de ce brelan d’as de la scène Blues française, j’ai nommé les guitaristes Fred Chapellier et Neal Black et l’harmoniciste Nico Wayne Toussaint, qu’il sera inutile de vous présenter ici, je pense. Sur cet album Live enregistré lors de leur première tournée en 2011 à L’Orange Bleue de Vitry-le-François, c’est le Texan Neal Black qui ouvre le feu de sa voix passée au papier de verre avec une reprise de Johnny Copeland, ‘Daily Bread’, un titre qui permet à nos deux mousquetaires guitaristes un premier duel à fleuret moucheté, entre la virtuosité sur le fil du rasoir de Black et le classicisme classieux de Chapellier. Forcément, le deuxième titre, un ‘Ain’t No Need’ très New Orleans, met Nico Wayne Toussaint en valeur, au chant comme à l’harmo. Harmo encore à l’honneur sur le titre suivant, le ‘Handful of Rain’ de Neal Black, dont la voix hante ensuite ‘I’ll Fly Away’, un gospel traditionnel souvent chanté dans les funérailles aux Etats-Unis. Petit quart d’heure de gloire ensuite pour Fred Chapellier avec deux de ses morceaux, ‘Le Blues’ d’abord, chanté en Français, messieurs-dames, puis ‘Blues For Roy’, cet instrumental hommage à son mentor Roy Buchanan et sur lequel Fred brille toujours de mille feux. La poursuite lumière se remet ensuite sur Nico W.T. pour un ‘I Was Wrong’ en mineur, prétexte à un nouveau solo d’harmo flamboyant. Comme l’est aussi celui de Fred qui suit. Un pour tous, tous pour un. Et n’oublions pas le reste du groupe, Vincent Daune à la batterie, Christophe Garreau à la basse et Mike Lattrell aux claviers et à la… mandoline, comme sur ce ‘Fish Drip Jones’ countrysant à souhait. D’autres reprises suivront, ‘How I Got to Memphis’, très country aussi, ‘Wella Wella Baby La’, un autre titre New Orleans probablement choisi par Nico pour la setlist, ‘Rodney’s Song’ de… Roy Buchanan, tiens comme c’est bizarre, ou ‘Turning Point’, une curiosité ici avec son odeur de disco, un choix curieux pour finir ce disque mais une belle occasion de mettre Mike Lattrell à son tour sous les projecteurs. Entretemps on aura eu droit à deux autres compos de Chapellier, co-écrites avec Billy Price, l’ancien chanteur de Roy Buchanan avec qui il a collaboré récemment sur l’album ‘Nightwork’ et à un Rock’N’Roll furieux, ‘Boogie-ing at l’Orange Bleue’, festival d’harmonica à la ‘Whammer Jammer’ de Magic Dick, dont Nico semble l’élève naturel. A la finale, voici un disque live très réussi pour les amateurs de ces trois artistes. Ceux qui n’en aiment qu’un des trois seront forcément frustrés mais chacun a une discographie suffisamment conséquente pour qu’on accepte ici le mélange des genres, surtout quand le gumbo est si bien réussi. Et pourquoi ce titre, ‘Live and More’, Frenchy? Et bien parce que nos trois mousquetaires ont poussé l’expérience jusqu’au bout, vous proposant aussi un CD bonus…en studio! Six titres enregistrés avec la même équipe, celle de Michel Casuso des Fantôme Studios à Baudonvilliers, où le trio démontre de nouveau, de manière plus ‘propre’, qu’il fonctionne très bien, que ce soit sur les titres empreints de tristesse de Neil Black (‘Blues Follow You Home), ceux plus funky ou Nico excelle (‘Can’t Sleep At Night’) ou ceux carrément Rock de Fred (‘Saint on The Highway’) bien que rien ne soit jamais écrit dans le marbre, Nico pouvant lui aussi Rocker (‘Rock & Roll Woman’), Neal acoustiquer (‘Sunrise in Prison’) et Fred jazzer (‘Memphis Connection Part 1’).

Frenchy
Paris-Move

 

Il y eut, en son temps et pour un éphémère instant, un B.B.M. composé de Jack Bruce à la basse, Ginger Baker à la batterie et le regretté Gary Moore à la guitare. Un trio qui demeura un des derniers chapitres consacrés aux super groupes type Blindfaith, avant que n’arrive des Etats Unis le Black Country Communion de Joe Bonamassa, Glenn Hughes, Jason Bonham et Derk Sherinian ou le Royal Southern Brotherhood de Cyril Neville, Devon Allman, Mike Zito, Charlie Wooton et Yonrico Scott.
Une fois n’est pas coutume, c’est bien de l’hexagone qu’arrive le premier super groupe de Blues. Il est formé de Neal Black au chant et aux guitares, de Fred Chapellier au chant et aux guitares et de Nico Wayne Toussaint au chant et aux harmonicas. Un claviériste, Mike Lattrell, un bassiste, Christophe Garreau, et un batteur, Vincent Daune, secondent les trois premiers mousquetaires nommés.
Un second CD nous propose en bonus un super ‘six titres’ enregistré en studio, avec deux compositions de Neal Black, deux de Nicolas Toussaint/Neal Black et deux de Fred Chapellier, dont l’une coécrite avec le même Neal. Des morceaux d’excellentes factures qui insistent sur l’entente plus que cordiale qui règne entre les lascars lorsqu’ils sont ‘à froid’, en studio.
Par contre, le premier CD nous livre ce qu’ils peuvent faire ‘à chaud’, et là, c’est encore plus brûlant! Le Blues étant par essence une musique qui se vit en direct et dans laquelle on trouve parfois du sang, parfois des larmes, parfois des douleurs, parfois des couleurs, mais toujours de la sueur! Quelques reprises de Johnny Copeland, Tom. T Hall, Culp Napolean Brown, Roy Buchanan ou Tyrone Davis, et différentes compositions de chacun des trois héros de la fête. Chacun d’entre eux étant toujours plus que lui-même une fois monté sur les planches, vous avez sur cette galette la quintessence de leur art! Cela a été enregistré à l’Orange Bleue, à Vitry le François, en juin 2011. Le Band est formé de musiciens américains et de musiciens français et c’est sans nul doute ce mélange culturel qui enrichit encore la qualité musicale de tous les titres interprétés sur ce premier CD. Les mots devenant même inutiles, vous n’avez plus qu’à courir chez votre dealer habituel de bonne musique habituel pour vous envoyer dans les neurones ce superbe double album proposé par le label français Dixiefrog.

B.T.C Blues Revue