| Jazz |
Fondés en 1953 par Horace Silver et Art Blakey, les Jazz Messengers connurent de multiples incarnations, au cours des presque quarante années que perdura la formation. Leur séminal pianiste étant parti former son propre quintette dès 1956, le batteur dirigea ensuite un équipage dont la configuration demeura peu ou prou la même, quand bien même ses membres connurent un turn-over conséquent. Lors de leur première tournée européenne en 59, les Jazz Messengers (soit, outre Art Blakey, le saxophoniste ténor Wayne Shorter, le trompettiste Lee Morgan, le bassiste Jymie Merritt et le pianiste Walter Davis Jr, qui y remplaçait alors Bobby Timmons) se produisirent à l’Olympia parisien, dans le cadre des “Mercredis du Jazz” qu’y organisaient les prosélytes Daniel Filipacchi et Franck Ténot. Le concept en était simple: un premier concert à 18h00 à destination des couche-tôt, et un second le même soir à partir de minuit pour les noctambules. Entre temps, la salle que gérait de main de maître Bruno Coquatrix avait ainsi le loisir de poursuivre en soirée sa programmation grand public, tandis que les deux jazzophiles à la manœuvre procédaient à l’enregistrement et au mixage des captations subséquentes (dont ils régalaient ensuite les auditeurs de leur fameuse émission “Pour Ceux Qui Aiment Le Jazz”, sur Europe N°1). Symptômatiquement, les deux larrons choisirent le “Blues March” des Messengers pour générique de leur programme radio, l’érigeant ainsi au rang de premier “tube” du jazz moderne sur les ondes francophones. Quand ils revinrent à Paris trois ans plus tard, Blakey et ses sbires y furent accueillis en quasi-messies, et bondèrent à nouveau un Olympia audiblement acquis à leur cause. Avec le retour de leur pianiste historique, Bobby Timmons (mais toujours avec Shorter et Morgan aux soufflants), c’est à une démonstration de hard bop à son pinacle que nous convient à présent Michel Brillié et Gilles Pétard. Introduit par par “The Summit” de Shorter, ce coffret triple CD décline vingt plages en près de 3h40′, au fil desquelles on se délecte de la transcription de standards tels que “My Funny Valentine”, “Round Midnight”, et “Night In Tunisia” (ces deux derniers selon deux versions distinctes). Après une courte (mais tonitruante) introduction du patron, le “Kozo’s Waltz” de Lee Morgan (sur un beat ternaire de circonstance) ouvre d’abord le champ à un solo virevoltant de Wayne Shorter, bientôt relayé par celui de son auteur, avant que les sticks de Blakey ne prennent à nouveau leur envol en solo. Le jeu trépidant de Timmons s’illustre sur “Those Who Sit And Wait” de Shorter et “It’s Only A Paper Moon” de Rodgers & Hart (également ponctué d’un dialogue tonitruant entre la trompette de Morgan et les baguettes de son leader), tandis que le ténor de Shorter ne s’épanche, avec le brio qu’on lui connaissait, sur son propre “Noise In The Attic”. Titres phares du quintette, “Blues March” et “Moanin'” figurent également en jubilatoires extended play, et bien que la prise de son accuse son millésime (en dépit d’une restauration tip-top), la joie et la vivacité qui se dégagent de ces prestations emportent néanmoins l’adhésion. Dommage que Boris Vian (sans doute présent lors de la prestation de nos protagonistes en 59) n’ait pu assister à ce second feu d’artifice.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, November 10th 2023
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20 titres, plus de 3 heures de musique, soit le minimum suffisant pour s’imprégnier de l’âme de cette formation légendaire. Plus de 35 ans de longévité et véritable pépinière de talents reconnus mondialement: le trompettiste Kee Morgan, le trompettiste Clifford Brown, le saxophoniste Hank Mobley, le trompettiste Donald Byrd, le saxophoniste ténor Benny Golson, le pianiste BobbyTimmons, le saxophoniste Wayne Shorter, le trompettiste Freddie Hubbard, le pianiste Cedar Walton, le tromboniste Curtis Fuller, le multi-instrumentiste Keith Jarrett (pianiste, organiste, claveciniste, saxophoniste, flûtiste, percussionniste), le pianiste Chick Corea, le pianiste McCoy Tyner, le trompettiste Wynton Marsalis, le saxophoniste Branford Marsalis, le trompettiste Terence Blanchard, le trompettiste Wallace Roney, le saxophoniste Kenny Garrett. Tous, à un moment de leur carrière, ont fait partie des Jazz Messengers d’Arthur Blakey, orphelin autodidacte qui débuta dans les aciéries et mines de charbon dans les années ’30. Un coffret qui fait partie de la Collection Live in Paris, la collection des Grands Concerts Parisiens. Un triple CD sur lequel on retrouve des standards comme Moanin’, Blues March, Round midnight, Night in Tunisia, My Funny Valentine, et j’en passe… Pour certains ce sera l’occasion de passer un formidable réveillon! Pour d’autres, un cadeau très sympa à faire!
Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
PARIS-MOVE, December 8th 2023
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https://www.youtube.com/watch?v=YZ88vZ4vtfY