ARON & THE JERI JERI BAND – Dama Bëgga Nibi

Urban Trout Records / Modulor
Afrobeat, Jazz
ARON & THE JERI JERI BAND - Dama Bëgga Nibi

Tels Montaigne et La Boétie, on pourrait se demander à priori ce qui a bien pu rapprocher le pianiste, compositeur et producteur néo-zélandais Aron Ottignon et le batteur-percussionniste sénégalais Bakane Seck, maître du sabar. Comme chez leurs illustres prédécesseurs, la réponse réside pourtant en cette évidente prescience: “parce que c’était moi, et parce que c’était lui”… Pour leur premier essai commun, ces compères n’ont guère laissé place au hasard. Enregistré entre Berlin (où réside Aron) et Dakar (patrie de Bakane), cet album dispense une savante osmose entre les rythmes typiques de l’Afrique de l’Ouest, mâtinés de jazz et d’une touche électro dosée au micron près. Depuis le mbalax qui inspira Youssou N’Dour et Thione Seck (“Teddoungal”, “Kaolack”, “Jeri Jeri”) jusqu’au lounge funk teinté de R&B (le magistral et envoûtant “Mama Djuma”, où l’on songe à ce que Wally Badarou avait osé voici quarante ans déjà auprès de Grace Jones), cet album ambitieux embrasse et marie ainsi jazz, musiques électroniques et traditions Wolof (l’impressionnant “Bongo Boys”). Certaines plages (telles “Galdorée” ou “Maam Baay”) évoquent l’usage des percussions numériques qu’initièrent en leur temps Phil Collins, Peter Gabriel, Paul Simon et Manu Katché sur leurs œuvres respectives, sans que l’on puisse jamais y crier pourtant au plagiat. Au contraire, pour audacieux qu’ils demeurent, ces arrangements perpétuent avec un naturel confondant l’éternelle vivacité de courants vernaculaires toujours en vigueur au Sénégal, tout en leur tissant des passerelles vers notre Nord urbanisé, par la grâce d’un usage pertinent de la technologie (cf. la salsa synthétique et effrénée “The Return Of The Golden Egg”, ou l’émouvante mélopée finale “Strange People”). Qu’on le signale donc à Bismuth: l’Homme Africain est bien entré dans l’Histoire, et ce continent demeure un creuset vivace pour ce que d’aucuns s’obstinent encore à appeler les Musiques du Monde.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 8th 2024

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La rencontre entre le néo-Zélandais Aron Ottignon (Craig Davis, Abd-Al-Malik, Woodkid, Stromae, Spaces, 2015, Team Aquatic, 2017) et le musicien et griot sénégalais Bakane Seck (fondateur et leader du Jeri Jeri Band, Youssou Ndour, Cey You, 2004) donne naissance à un blues sénégalais électroniquement aventureux nourri de jazz, de musiques électroniques et de tradition Wolof. Un album enregistré à Berlin, à la croisée des routes reliant Berlin et Dakar, entre le rythme du mbalax, de l’Afrobeat, de l’Afro funk et du jazz. Ale Mboup est au chant, Samuel Dubois au steel pan et Bakane Seck à la section rythmique. Tout a commencé par des répétitions et des premiers enregistrements à Dakar, dans les studios de Bakane Seck, puis Aron a assuré la réalisation artistique de l’album à Berlin, opus qui a été mixé et masterisé dans les studios Bambu Music Studios à Londres. Les ingé sons Clinton McCreery et Toni Economides (collaboration avec Enny, Jorja Smith, Imaani, Zara McFarlane,Moodymann), sont tous deux des nominés aux Grammy Awards. La pochette est illustrée par Superfeat, alias Clemence Feat, artiste parisienne et directrice artistique. Une création multicolorée qui souligne la portée – la dimension – internationale de l’oeuvre musicale en question.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, January 10th 2024

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