ARLO McKINLEY – Die Midwestern

Oh Boy / Thirty Tigers
Americana
ARLO McKINLEY - Die Midwestern:

Ce matin, à un rond-point, j’ai renversé un type à trottinette. Je veux dire, j’étais arrêté au volant de ma Mazda, et juste quand la voie semblait libre, au moment de m’engager, j’ai reçu cette fashion victim en plein sur le capot. Pas vu venir, lui ai-je expliqué. Après qu’il m’eut (à raison) accusé d’inattention, et que j’eus pu m’enquérir de son état physique (pour le psychique, mon opinion était faite), j’ai repris ma route, presque aussi choqué que lui. Plus de peur que de mal (tout cela relevait davantage du “croche-pare-choc” que de la collision à proprement parler), mais avec le sentiment soudain ravivé qu’à tout moment, nos existences peuvent basculer dans le grand n’importe-quoi. Ainsi des expériences que relatent les “Bag Of Pills” et “Suicidal Saturday Night” de cet artiste dont le regretté John Prine adouba in extremis la signature sur son propre label. Déjà, le double prénom interpelle: Arlo (comme le fils Guthrie) et McKinley (comme Morganfield, ben tiens)… Natif de Cincinatti, ce garçon commença à se signaler dès 2008, en participant à un album du rock band local Mad Anthony, puis au sein de sa propre formation, The Lonesome Sound. Pour son premier véritable LP solo, rien ne semble avoir été laissé au hasard, depuis le studio (le fameux Memphis Recording Service de feu Sam Phillips) jusqu’au casting des pistoleros qui le soutiennent au fil de ces dix originaux. Mais quand la facilité inciterait volontiers le chroniqueur paresseux à situer ce répertoire entre Neil Young, Bob Dylan et Van Morrison, il convient toutefois d’en stipuler les millésimes. À savoir “After The Gold Rush”, pour de magnifiques valses fourbues telles que “Whatever You Want”, “Once Again” et “The Hurtin’s Done”, puis “Blood On The Tracks” et “Desire” pour les pétrifiants “We Were Alright” et “Walking Shoes” (avec son violon façon Scarlet Rivera), ainsi que “Tupelo Honey” pour la couleur d’ensemble. Soit, avec pour dénominateur commun (ceux qui suivent l’avaient deviné), le Band de la grande époque, et un autre grand disparu: l’encore trop injustement reconnu Jimmy Lafave (la plage titulaire et “She’s Always Around”, avec leur claudiquement bastringue). Tout juste si “Gone For Good” évoque la relative contemporanité d’un Jason Isbell. Un héritage sous lequel ploieraient nombre de jeunes épaules, mais McKinley prit salutairement le soin d’attendre la quarantaine (l’anniversaire, pas la mesure sanitaire) pour s’y frotter. Résultat, c’est mon tour de me faire renverser au crépuscule de cette journée particulière. Pour m’en relever également sans trop de bobos, je n’en demeure pas moins secoué. Tentez donc l’expérience : on dira ce qu’on voudra, mais John Prine avait du pif…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 11th 2020

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