ARKONA – Khram

Napalm Records / Season Of Mist
Metal
ARKONA - Khram

Depuis Vozrozhdeniye (“Возрождение” en russe, “Renaissance” en français) en 2004, la chanteuse d’Arkona, Maria “Masha Scream” Arkhipova, peau de renard portée en écharpe, vit son néo-paganisme slave comme un mode d’appréhension du sacré à travers des médiations naturelles. Nature matérielle, nature vivante et nature psychologique de l’homme infusent donc encore les textes de Khram (“temple”), sixième album chanté et crié en russe. En revanche, la musique, apostate, embrasse désormais un black metal rigoriste qu’on pare aujourd’hui de toutes les vertus. “Tseluya Zhizn” (“embrasser la vie”) est une danse rituelle de 17 minutes autour de deux sœurs qui ne peuvent exister l’une sans l’autre: la vie et la mort… Un véritable EP dans le LP où la voix irrésolue transcende une partition complexe, charbonneuse, cinématographique, et où le violon dispute le tragique à la double grosse caisse “tapis de bombes”. Ce titre a en commun avec le suivant, “Rebyonok Bez Imeni” (“l’enfant sans nom”), complainte de 12 minutes d’un être submergé par la douleur qui refuse de vivre, quelques touches synthétiques désagréablement “youngtimer”. Au vu de la pochette monochrome de Khram, en rupture avec les précédentes, on craignait de généraliser par trop de simplification. Mais l’intro et l’outro “Mantra”, symbolisant l’aller-retour de l’auditeur de Yav à Nav (mondes matériel et immatériel du fumeux Livre de Vélès), semblent être les derniers artéfacts païens d’un voyage vers de plus noires contrées…

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVEROCK & FOLK

PARIS-MOVE, December 15th 2020