Antonio Trinchera – Fauves

Jazz
Antonio Trinchera – Fauve

Au fil des sorties d’albums chez A.M.A records, force est de constater que ce label italien tenu de main de maître par notre ami Antonio Martino devient peu à peu l’équivalent de MacAvenue aux USA. Tout comme chez le label américain, chaque sortie d’album est un “sans faute”, proposant des artistes remarquables, avec des réalisations de très haut niveau, comme c’est le cas ici avec le guitariste Antonio Trinchera.
Le titre de l’album tire son nom du mouvement fauviste du 19ème siècle en France et à n’en pas douter, Fauves aurait certainement été très apprécié par Maurice de Vlaminck, car Trinchera, tout comme le maître du fauvisme, nous offre une palette chatoyante aux couleurs éclatées bien que savamment organisées et bien moins classiques que ce qu’aurait pu apporter un autre maître du fauvisme tout aussi illustre, comme Henri Matisse.
Laissons ici les références picturales (même si cet opus est une véritable série de “tableaux” musicaux) et entrons dans le vif du sujet. Parler de Antonio Trinchera comme un simple guitariste est bien trop réducteur, car il y a chez lui un sens inné du son, une vision, un sens particulièrement architectural et résolument moderne. L’artiste nous offre certainement ici son œuvre la plus aboutie, unissant avec perfection ses recherches électroniques avec une forme de jazz très urbanistique. Les sons de la ville fleurtent avec les mélodies, un peu à la mesure des Murailles de Samaris de Peters et Schuiten, les sons d’une ville indéterminée, infinie, dans laquelle le passé, le présent et le futur cohabitent et se confrontent. Dony Valentino au violon électrique nous enivre de ses notes, tout comme Camillo Pace à la contrebasse, Alessio Santoro et Leo Consoli à la batterie. Fauves nous transporte dans un paysage sonore libéré et un monde coloré sans barrières. Il y a du sens à écouter et contempler l’œuvre de Antonio Trinchera qui nous porte à une réflexion, une introspection sur notre perception des choses et des sons.
A une époque où les sorties d’albums en Europe sont trop souvent bien trop formatées, ici la prise de risque est réelle, totale, et c’est avant tout cela, le sens d’être un artiste, cette capacite à pouvoir nous déranger, nous bousculer, revoir nos positions, sortir des sentiers battus. Et si au théâtre tout ceci est une quasi évidence, en musique c’est un art plus complexe, car il ne suffit pas de déstructurer les codes, encore faut-il pouvoir imaginer une autre forme d’écriture, et en ce domaine, Antonio Trinchera excelle.
Fauves est conçu comme un film, avec une fin resplendissante, The Tractor and The Child, qui respire le soleil et la joie de vivre, et je ne serais pas étonné d’apprendre que l’inspiration de cette œuvre soit une évanescence de la fin de pandémie.
Moderne, rythmé, coloré, voici un album qui plaira à tous ceux d’entre vous qui sont à la recherche de la découverte et de l’intelligence. Autant de raisons qui ont fait apposer le logo de “indispensables” par les équipes de rédaction de Paris-Move et de Bayou Blue Radio, un logo très coloré sur la pochette de l’opus en noir et blanc… ce qui pourrait être une contradiction, mais qui n’en n’est peut -être pas une.

Thierry Docmac
Correspondant aux USA
Bayou Blue News – Bayou Blue Radio – Paris-Move

PARIS-MOVE, September 26th 2022

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Verso de la pochette et volets intérieurs: