World Music |
À la fois libératrice et libertaire, la démarche du contrebassiste Yoram Rosilio s’inscrit dans le prolongement du travail de pionniers tels que Charlie Mingus, Sun Ra, Anthony Braxton, Ornette Coleman et Eric Dolphy, mais aussi du Gong de Daevid Allen, de Soft Machine et d’autres cintrés tels que Taraf de Haïdouks et le Hadouk de Didier Malherbe. C’est dire si le consommateur pusillanime de musiques formatées que l’on prétend actuelles n’y retrouvera guère ses petits ! En effet, l’électro la plus débridée passerait presque pour du musette au regard du souffle affranchi qui traverse ce concert de ANTI RUBBER BRAIN FACTORY & HMADCHA, capté en octobre 2014 à l’Institut Parisien du Monde Arabe. Les 19 protagonistes impliqués réunissent un ensemble traditionnel marocain avec quelques uns des jazzeux françaouis parmi lesquels gravite Yoram. À l’arrivée, le sentiment d’ouïr une fanfare ivre, où se mêlent références yiddish, orientales et free (“Ezön Pyh”), transe gnawah (“Arbluzzff”) et l’esprit aventureux du “On The Corner” de Miles Davis. Au non initié, ceci semblera de prime abord quelque peu cacophonique, mais comme pour toute fantasia de Marrakech, l’expérience pourra néanmoins s’avérer hautement addictive. Bref, une world music pas franchement soporiphique, et un fervent plaidoyer pour l’éveil des tympans et des consciences : faites le test !
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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