Anthony Stanco – In the Groove – Live at The Alluvion (FR review)

OA2 records – Street Date October 17/2025
Jazz
Anthony Stanco - In the Groove - Live at The Alluvion

Bebop, toujours vivant : l’album live du trompettiste Anthony Stanco fait le pont entre passé et present.

Enregistré dans une salle historique du Michigan, le troisième album de Stanco démontre que le bebop n’est pas seulement revenu à la mode, mais qu’il est bel et bien vivant, porté par une nouvelle génération de musiciens qui mêlent tradition et énergie moderne.

Les enregistrements live de jazz connaissent une véritable renaissance en 2025. Et pourquoi s’en étonner? Avec les progrès fulgurants de la technologie sonore, on peut désormais écouter un concert avec une telle précision qu’on a presque l’impression d’y assister. Pour l’auditeur, c’est la promesse d’une spontanéité intacte sans compromis sur la qualité. Le nouveau disque d’Anthony Stanco en est un parfait exemple: un album live qui saisit l’énergie brute du bebop et la voix singulière d’un trompettiste qui refuse de traiter ce langage musical comme un vestige du passé.

À l’exception de deux morceaux, une composition de Duke Pearson en deuxième plage et une de Randy Napoleon en septième, le disque est construit autour des créations originales de Stanco. Le résultat, c’est une œuvre qui conserve l’étincelle d’un concert en direct tout en affichant la précision et la maîtrise d’un album de studio. L’énergie est palpable, le jeu des musiciens d’une netteté implacable, et la qualité sonore presque irréprochable.

Une filiation hard bop, enracinée à Detroit

Ce projet s’inscrit dans la lignée de Stanco’s Time (2024) et place le trompettiste au cœur de la tradition hard bop. Les grooves y sont authentiques, l’émotion indéniable. Enregistré au Alluvion de Traverse City, dans le Michigan, une salle dont l’histoire est aussi riche que la musique qui s’y joue,, l’album capte l’énergie unique d’une soirée hors du commun. Chaque morceau semble imprégné du paysage environnant: l’eau, l’atmosphère, le lieu lui-même.

Le fondateur du club, le pianiste Jeff Haas, signe une composition et rédige les notes de pochette, tandis que l’artiste visuelle Lisa Flahive réalise en direct la couverture de l’album, peignant pendant le concert. Le concept rappelle les légendaires sessions live de Cannonball Adderley, et parfois le groove évoque l’esthétique des disques Blue Note des années 1960, quand la musique savait être à la fois exigeante et ludique.

La modernité des arrangements

Le bebop connaît certes un regain de mode, mais entre les mains de Stanco, il dépasse la nostalgie. Ici, il respire, il invente, il se renouvelle. La guitare de Randy Napoleon en est une preuve éclatante: son jeu souligne combien des harmonies et textures contemporaines peuvent insuffler une vie nouvelle à des rythmes familiers. Stanco, natif du sud-est du Michigan, puise largement dans les racines musicales de Detroit. Formé par des maîtres comme Marcus Belgrave et Rodney Whitaker, il a façonné un son personnel, respectueux de l’héritage mais affirmé dans son époque.

Parenthèses cinématographiques et ombres romantiques

L’album n’est pas que flamme et vélocité. Avec Pyramid Point, Stanco prend un virage impressionniste, dans une atmosphère si évocatrice qu’on croirait entendre Erik Satie derrière le piano. La pièce, romantique et presque cinématographique, devient la toile sur laquelle le trompettiste déploie toute sa palette expressive. C’est là que son talent éclate : créer, au sein d’un même album, des univers parallèles, portés par des musiciens dont la délicatesse donne à l’ensemble un équilibre subtil.

Un ambassadeur mondial du bebop

Au-delà des scènes américaines, Stanco s’est déjà forgé une carrière internationale. Avec son quintette, il a joué au Java Jazz Festival de Jakarta comme au Cairo Jazz Club en Égypte. En tant qu’ambassadeur culturel du Département d’État américain, il a porté le bebop en Afrique du Sud, en Indonésie et ailleurs. Son rôle d’enseignant complète ce parcours: on imagine la chance de ses étudiants, qui apprennent auprès d’un musicien capable de faire dialoguer passé et présent, montrant que l’héritage du bebop n’est pas figé mais toujours en train de s’écrire.

Une musique qui vit dans l’instant

Ce qui marque le plus dans cet album live, au-delà de la qualité du jeu et de l’excellence technique, c’est la présence du public. Ses réactions, applaudissements, rires, exclamations, rappellent que le jazz vit dans l’échange, jamais dans le monologue. Le bebop, tel qu’il se donne à entendre ici, est à la fois sérieux dans son écriture et joyeux dans son expression, construit avec soin, et jamais pesant.

Dans les mains d’Anthony Stanco, ce style reste ce qu’il a toujours été lorsqu’il est à son sommet: une musique qui respire, qui réagit, et qui s’obstine à rester vivante.

Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News

PARIS-MOVE, September 23rd 2025

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Musicians :
Anthony Stanco – trumpet
Randy Napoleon – guitar
Xavier Davis – piano
John Webber – bass
Joe Farnsworth – drums

Track Listing:
1  T. Sea  6:11
2  Say You’re Mine  6:06
3  Riptide  5:45
4  Pyramid Point  6:38
5  In the Groove  6:27
6  Hey Cute One  6:57
7  Tales  4:45
8  Sonny Boy  8:49
9  Just a Moment  4:45

All music by Anthony Stanco, except:
(2) Duke Pearson; (6) Randy Napoleon; (7) Jeff Haas (arr. Stanco)

Production Info:
Produced by Anthony Stanco
Recording Engineer: Nick Nagurka
House Engineer: Tiffany Falls
Recorded Live at The Alluvion, Traverse City, MI, on Jan. 11-12, 2025
Mixed & mastered by Corey DeRushia at Troubadour Recording Studios
Album artwork by Lisa Flahive
Other photos by Jeff Dunn
Cover design & layout by John Bishop