ANTHONY ROSANO & THE CONQUEROOS – Cheat The Devil

Whiskey Bayou Records
Blues-Rock
ANTHONY ROSANO & THE CONQUEROOS - Cheat The Devil

Avec son look de forban jovial façon Pirate des Caraïbes, Anthony Rosano ne passe pas inaperçu. À la fois guitariste, chanteur et songwriter, il semble bien de la trempe à diriger son propre power trio (constitué, outre lui-même, de Jake Fultz à la basse et Kyle McCormick aux fûts). Depuis leur premier album auto-produit en 2017 (avec tout de même Mike Zito derrière la console, ainsi que Johnny Sansone, Zito et Anders Osborne pour cameos), ces gusses ont ouvert pour d’habituels suspects tels que ZZ Top, Gov’t Mule, Samantha Fish et Bob Seger, et c’est sous la houlette du non moins grand Tab Benoît qu’on les retrouve à présent, pour leur première livraison post-Covid. “On rencontre de tout à nos concerts, depuis les fans de blues jusqu’à des chevelus arborant des T-shirts Metallica. Si je peux amener ces gens-là à écouter aussi Muddy Waters, j’estime avoir rempli mon rôle” déclare notre dévoué stalwart. Captée live au Whiskey Bayou Studio de Tab, cette rondelle déploie un southern blues-rock zébré de slide fumante et de wah-wah en fusion, entre Mountain, Jeff Beck Group et BBA (les vicelards “Sweet Little Devil”, “My Baby Gets Around” et “Sin City”). Dès que le tempo s’alourdit, on bifurque vers des terres où se côtoient les ombres de Hendrix, SRV et des Allmans dans les ’90s (le vertigineux “What Kind Of Fool”, en lascive vrille ascensionnelle, le voodoo funk “Jonesboro Road” ou le double shuffle “Keeps Adding Up”). D’inspiration latino, “Rosalita” n’a pourtant rien à voir avec son homonyme signé Springsteen, mais prodigue un bienvenu répit aux cavalcades, qui reprennent sur diddley-beat avec le bien intitulé “Shook”. Le lugubre “Scattered Bones” n’aurait pas déparé le “Tons Of Sobs” de Free, et la plage titulaire s’avère le Delta-holler qu’elle suggère, façon “Black Betty” de Leadbelly, mais revisité par Skynyrd au lieu de Ram Jam. Tandis que le timbre viril de Rosano n’est pas sans évoquer celui de Jack Bruce, sa technicité et ses prouesses sur le manche s’appuient en totale complicité sur une section rythmique tout terrain, manifestement rodée sur maintes planches, de bars en festivals. En conclusion, nos nouveaux amis assènent  leur relecture  sans vergogne du “I’m A King Bee” de Slim Harpo, et il est probable que cela ne comporte guère d’appas propres à séduire les fans des Pet Shop Boys, ni ceux de Boy George Michael non plus. Mais que voulez-vous, certaines choses refusent obstinément de mourir, et ne comptez pas sur nous pour le déplorer.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 26th 2023

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