Anthony GERACI – Why Did You Have To Go

Blue Duchess / Shining Stone
Blues

Parmi les nombreuses qualités que l’on ne peut dénier à Anthony GERACI, il en est une qui saute aux yeux (et aux oreilles): ce gentleman sait recevoir. Que l’on en juge: le casting de ce CD s’énumère comme un véritable who’s who!
Aux guitares, Monster Mike Welch, Kid Ramos et Ronnie Earl. Au chant (et à l’harmo, pour le premier cité), Sugar Ray Norcia, Sugaray Rayford, Michelle Wilson, Brian Templeton, Dennis Brennan et Willie J. Laws. À la basse, Mudcat Ward et Willie J. Campbell. Aux drums, Jimi Bott, Neil Gouvin et Marty Richards. Aux cuivres, Sax Gordon Beadle et Doug Woolverton. Dénominateur commun aux 13 originaux que propose cet album: le piano et l’orgue (tous deux aussi versatiles) de Anthony GERACI. En un demi-siècle, ce natif de New-Haven, Connecticut, a accompagné rien moins que Jimmy Rogers, Muddy Waters, B.B. King, Otis Rush, Big Walter Horton, Kenny Neal, Big Jack Johnson, J.B. Hutto, Duke Robillard, Big Joe Turner, Hubert Sumlin, Debbie Davies, Zora Young et Monster Mike Welch… Sans compter son rôle fondateur dans quelques formations “subalternes” telles que Ronnie Earl & The Broadcasters et Sugar Ray & The Bluetones (dont il demeure l’un des piliers). Après le célébré “Fifty Shades Of Blue” (sur Delta Groove) qui lui valut une brassée de nominations et de Awards, Anthony GERACI remet donc le couvert, et la demi-douzaine d’échantillons de ses talents qu’il dispense ici en confirme l’étendue. Par delà les Bluetones de Sugar Ray au grand complet, la moindre performance de cette galette n’est pas de réunir les Broadcasters de Ronnie Earl (dont fit également partie GERACI), ainsi que quatre éminences issues des Mannish Boys de Los Angeles (Jimi Bott, Kid Ramos, Willie J. Campbell et Sugaray Rayford). Depuis le très Chester Burnett “Fly On The Wall” jusqu’à “Angelina, Angelina”, dans la veine de B.B. King (avec la guitare étincelante d’un Mike Welch désormais fermement installé dans la cour des grands), ainsi que du R&B cuivré de “Long Way Home” jusqu’à la plage titulaire, le piano d’Anthony s’inscrit avec aplomb dans la lignée des géants de l’instrument (de Pinetop Perkins à Sunnyland Slim et Henry Gray). Michelle Willson s’octroie une bouleversante performance enfumée sur le lounge “Two Steps Away From The Blues” (accompagnée par l’orgue Hammond d’Anthony), et la fusion des Bluetones et des Broadcasters atteint des sommets sur le shuffle “Time’s Running Out” et le slow blues “My Last Goodbye”. L’harmo juteux et le timbre chaleureux de Sugar Ray Norcia s’y trouvent appuyés par la rythmique de Welch, Mudcat et Gouvin, tandis que le grand Ronnie Earl s’y fend de soli épatants de finesse et de swing. Mais l’une des plages les plus saillantes s’avère “Baptized In The River Yazoo”. Les ivoires de GERACI y accompagnent seules le chant de Willie J. Laws, dans une facture digne de celle du regretté Otis Spann. L’enlevé “Hand You Your Walking Shoes” s’embarque dans une bamboula néo-orléanaise où le clavier s’épanche avec jubilation. Pour parachever ce palmarès, Anthony GERACI s’offre le luxe d’un remarquable instrumental jazz, avec rien moins que Kid Ramos, Jimi Bott, Troy Gunyea, Campbell, Beadle et Woolverton. Ces pointures s’y ébrouent avec une confondante aisance: Monsieur sait non seulement recevoir, mais aussi gâter ses convives!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

P.S. : Le label Blue Duchess/Shining Stone, fondé par Duke Robillard (producteur exécutif de ce CD), reverse une part du prix de vente de chacun des albums qu’il publie à certaines associations caritatives (dans le cas du Duke, l’American Diabetes Association).