Thrash metal

Annoncé comme le meilleur guitariste du monde en ouverture de ses concerts, l’ombrageux Jeff Waters pourrait se pousser du col et n’enregistrer que le minimum syndical pour entretenir sa propre mythologie. Au contraire, depuis l’ouverture au grand large du décrié Set The World On Fire (1993), le Canadien n’a eu de cesse de balayer devant sa porte pour qu’aucun grain de sable ne fasse plus dérailler sa machine thrash. L’histoire d’Annihilator est donc celle d’une rédemption permanente, avec des images fortes qui s’ancrent régulièrement dans notre paysage mental… et metal (King Of The Kill en 1994, All For You en 2004, Feast en 2013). Mieux: For The Demented, concept album sur les tourments de l’esprit, démontre que le “groupe” (le chef(f) chante et joue de tous les instruments en studio) s’améliore avec le temps, tel un Château Petrus. Thrash aux contours définis dès la démo Phantasmagoria de 1986, “Twisted Lobotomy” nous larde de riffs-scalpels, de ceux qui découpent le papier à cigarettes dans l’épaisseur. Avec son groove très Megadeth, “For The Demented”, inspiré par une visite surréaliste chez le psy, fait office de contrefeu pour “Pieces Of You”. Sur cette power ballade, la sensibilité de l’auteur s’arrête avant la sensiblerie, l’histoire étant directement tirée d’un fait divers de cannibalisme. “The Way”, second morceau punk du répertoire après “Kraf Dinner” en 1990, balance entre intelligence et animalité. Et puisqu’il faut soigner ses entrées et ses sorties, Jeff nous achève avec “Not All There”, aussi surprenant que le thème personnel abordé “: le TDAH, trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité… A la fois le plus gros fardeau et le plus beau cadeau pour un créatif.

Jean-Christophe Baugé
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PARIS-MOVE, December 7th 2020

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ANNIHILATOR – For The Demented (Official Video):
https://www.youtube.com/watch?v=oM0cupFNHIA