ANNIE KEATING – Bristol County Tides

Autoproduction
Americana
ANNIE KEATING - Bristol County Tides

“Si tu y es né, tu peux toujours t’extraire de New-York, mais tu ne pourras jamais extraire New-York de toi”, déclara un jour Woody Allen, et c’est précisément le sentiment que distille ce huitième album d’Annie Keating. Bien que composé dans la région côtière du Massachussetts d’où il tire son titre (ce qui l’inscrit en quelque sorte dans la catégorie en constante expansion des lockdown & quarantine records actuels), il n’en fut pas moins enregistré en son Brooklyn d’élection (et jusque dans son propre living room). De ce “I lost my shoes, lost my way”, qu’elle énonce en introduction de “Marigold” (sur un lazy beat réminiscent de Crazy Horse et un orgue à la Dylan circa “Like A Rolling Stone”) à ces “Kindred Spirit” et “Nobody Knows” (au stomp similaire à la plupart des plages du fameux “Harvest” de Neil Young), son americana garde toujours une boot sur l’asphalte et l’autre dans la glaise. Entourée d’un brillant trio claviers guitare batterie et d’autant de musiciens additionnels (basse, accordéon et pedal-steel), elle sait convoquer au besoin ses racines irish (“High Tide”, “Hank’s Saloon”) et swamp (“Blue Moon Tide”, ou le juteux mambo-rock “Lucky 13” au chaloupé canaille). À l’arrivée, on éprouve l’impression diaphane d’avoir ouï un album de reprises de Suzanne Vega par Beverly Jo Scott (le swag du “Third Street” introductif, les ballades “Half Mast”, “Song For A Friend”, “Shades Of Blue” et le très dylanesque “Doris”, voire le transcendant “Kindness”). D’une irrépressible mélancolie aigre-douce (“Bittersweet”, “Goodbye”), un disque à ranger sans complexe ni hésitation auprès de ceux de Lucinda Williams, des Waterboys et d’Elliott Murphy. Il existe pire compagnie, vous en conviendrez.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 14th 2021

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Annie Keating Marigold Music Video (Bristol County Tides album out 4/15):