| Future POP |
Je n’ai jamais mieux capté l’apport de Led Zeppelin (cette bande de mégalos narcissiques, camés et alcooliques) qu’en découvrant le “Grace” du trop regretté Jeff Buckley. De même, je n’ai réellement compris le “Remain In Light” des Talking Heads qu’en écoutant le “Nightclubbing” de Grace Jones. Sans doute le résultat de ces fameuses stratégies obliques que prône Eno (lequel considère Anna CALVI comme “la plus importante sensation depuis Patti Smith”). Ne laissez surtout pas à Eno le soin de réparer votre chauffe-eau (c’est la mort assurée), mais pour ce qui relève du flair musical, le bougre a néanmoins fait ses preuves. Car comme ces derniers, Anna CALVI incarne assurément la figure de proue d’une éternelle (et utopique) recherche de synthèse entre avant-garde et tradition. Et comme pour Marlon Williams, il subsiste chez elle des traces du pathos originel d’un Roy Orbison, voire de celui des Ronettes et Shirelles de Spector, ainsi que des Shangri-Las de Shadow Morton. Tout ça en 2018, avec aux manettes le producteur de Nick Cave, et du Pro-tools à tous les étages, ouais. On peut enjamber allègrement ces considérations et trouver néanmoins plus que son compte dans cet album (son troisième seulement en sept ans, et le premier depuis 2015). Ses prouesses, tant à la guitare que sur le plan vocal (“Indies Or Paradise”, “Swimming Pool”), ne cèdent en rien au pseudo-manifeste queer censé accompagner l’affaire (“Chain” ou “Wish”: on a déjà Ezra Furman et Christine & The Queens, merci). Après avoir revendiqué pour mentors Bowie et Alan Vega, Anna CALVI dessine plus que jamais sa propre trajectoire. Vertigineuse.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
Anna CALVI ser en concert le 1er octobre à Manchester (une date pour Frankie, notre rédacteur en chef), le 8 octobre au Splendid de Lille et le 25 octobre au Botanique de Bruxelles!
Pensez à réserver vos places, et viiiiite…!
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