ANDY WATTS – Supergroove

Booga Music / Vizztone
Blues
ANDY WATTS - Supergroove

Leader de la scène blues en Israel, le guitariste Andy Watts de Tel-Aviv publie son second album sur le nouveau label fondé par Kenny Neal (qui le co-produit au passage). Animateur d’un réseau qui amena nombre de bluesmen internationaux dans son pays (de Rick Estrin aux regrettés Johnny Winter et Lucky Peterson), Andy est admirateur de géants tels que Freddie King ou Peter Green, et ces influences transpirent à l’évidence dans son jeu, aux sustain et vibrato caractéristiques de ces derniers (notamment sur l’enlevé “Raw”, ainsi que l’instrumental cuivré titulaire). À la tête de son propre septette (cuivres et Hammond B3 inclus), il accueille ici pas moins de cinq chanteurs, qui se relaient à tour de rôle au micro. Outre le soulman afro-américain Roy Young, s’y succèdent donc Gadi Altman, Danny Shoshan (ex-frontman de l’historique psych-rock band israélien Jericho, dont il réinterprète ici le “Don’t You Let Me Down” de 1972), Eliza Neals et le special-guest Joe Louis Walker, qui effectue une prestation renversante sur le bien intitulé “Burning Deep” (rappelant qu’outre ses talents de guitariste, il demeure l’un des soul brothers contemporains les plus convaincants). Andy reprend notamment ici le fameux “Blues Of The Month Club” de ce dernier (chanté par Eliza Neals), confirmant que le registre où il s’exprime avec le plus d’aisance demeure ce funk-blues initié par les deux Albert (King et Collins) et Freddie King, dont ce même Walker et Larry Garner demeurent les héritiers contemporains. La version du “Pack It Up” qui ouvrait l’ultime album du grand Freddie (le monumental “Burglar”) avant sa disparition prématurée est à cet égard significative, tout comme l’est celle du fameux “Supernatural” de Peter Green qui ferme le ban (avec la trompette de Gregory Rivkin et l’orgue subtil d’Eyal Klein, en écho à cette guitare baignée de reverb à laquelle un certain Carlos Santana doit tant). Ne vous laissez pas égarer par le look, Andy Watts est bien plus subtil et puissant que la ribambelle de clones de Stevie Ray Vaughan qui fleurissent depuis sa disparition: un très bel album, gorgé de soul et de feeling.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 6th 2020