Jazz

Né en 1969, Andy Milne est un pianiste de jazz canadien. Ayant étudié auprès d’Oscar Peterson en personne, il fit un moment partie des Five Elements du saxophoniste Steve Coleman, et tourna également avec des artistes aussi divers que Ravi Coltrane, Sean Rickman, Bruce Cockburn et Ralph Alessi, avant de fonder en 1998 son propre combo en tant que leader, Dapp Theory. Il enregistre alternativement avec celle-ci ou en solitaire, et en est à son quatrième album solo depuis “Forward To Get Back” en 1997 (il en a aussi enregistré deux en duos, tour à tour avec Grégoire Maret et Benoît Delbecq). Ayant été diagnostiqué d’un cancer de la prostate en 2018, il s’est vu couronner d’un Juno Awards dans la catégorie album de l’année pour “The Seasons Of Being” avec Dapp Theory, tandis que “The reMission” vient de lui en valoir un autre en 2021. Après l’ouverture d’une reprise à la volée du “Passion Dance” de McCoy Tyner (où l’on peut apprécier, outre le jeu du leader sur les ivoires, celui d’une section rythmique des plus alertes, avec le prévenant John Hébert à la contrebasse, et le sensible Clarence Penn aux drumsticks), le contemplatif “Resolution” et le lumineux “Winter Palace” laissent affleurer les références dont Abdy Milne se revendique: outre Oscar Peterson, on y décèle en effet les empreintes des jeux de Keith Jarrett, Bill Evans et Ahmad Jamal. En écho à la sidération provoquée par l’énoncé du diagnostic, “Vertical On Opening Night” et “Anything About Anything” circonvoluent autour de la trame mélodique que dessinent les sinueuses lignes de basse d’Hébert, tandis que son expérience traumatique est exprimée par “Drive By – The Fall”, où s’énonce un chemin ténu entre le désespoir et la résilience, dont “Dancing On The Savannah” dépeint l’incontournable dilemme. Renouant avec le climat expectatif de “Resolution”, “The Call” fait office d’intermède vers les rythmes accidentés de “Geewa”, où les trois comparses font preuve d’une époustouflante cohésion, avant que ce superbe album ne se conclue sur une lecture apaisée du languide “Sad To Say” de Benny Golson. En s’essayant ainsi pour la première fois en studio à l’exigeante formule du trio, Andy Milne vient de réaliser un coup de maître, qui l’inscrit désormais parmi les champions de cette discipline. De nos jours, est-il encore possible de réaliser de grands disques de jazz, à même de surmonter l’épreuve du temps ? Entre brillance technique et sensibilité de l’exécution, Andy Milne semble bien en effectuer la démonstration.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 11th 2021

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ANDY MILNE & UNISON – The reMission: un album à commander sur le Bandcamp de l’artiste, ICI

Album en vente également sur le site internet de Andy MILNE, ICI