ANDY EMLER MEGAOCTET – Just A Beginning

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Jazz
ANDY EMLER MEGAOCTET - Just A Beginning

De prime abord, à moins d’avoir suivi le parcours d’Andy Emler depuis ses tout débuts, on peut se trouver désorienté. Puis, du tréfonds des souvenirs d’amis et camarades de promotion aux Beaux-Arts remontent tout de même, comme en écho, quelques repères… Soft Machine, Gilgamesh, National Health et, surtout Weather Report, Frank Zappa et Return To Forever, ce jazz mâtiné de funk et de rock auquel Miles avait ouvert la voie dès “In A Silent Way”… Né à Paris voici 63 ans déjà, le pianiste, compositeur et arrangeur Andy Emler a développé au fil de ses pérégrinations un goût aussi paradoxal qu’équilibré pour l’écriture et l’improvisation débridée. Après avoir formé son propre quintette dès 1984, et avoir participé deux ans plus tard à l’Orchestre National de Jazz (sous la direction de François Jeanneau, autre transfuge du jazz au pop-rock et retour), il fonde le MegaOctet, avec notamment pour premiers comparses le guitariste Nguyên Lê et le saxophoniste Philippe Sellam. Désormais à la tête d’une discographie affichant près d’une quarantaine d’albums (dont six avec cette formation, et dont la pièce maîtresse du dernier, paru l’an dernier, ouvre ce live), et comprenant des collaborations aussi déterminantes qu’auprès de Dave Liebman, Larry Coryell, Michel Portal, Naissam Jalal ou Rhoda Scott, il ne s’est jamais départi de cette soif de partage et d’expérimentation qui le caractérise. Cet album, capté en novembre 2019 lors du festival jazz de Nevers, se veut autant la célébration de cet esprit qu’un sémillant bulletin de santé. Réunissant autour de lui compagnons de la première heure (Sellam,  Nguyên Lê), complices de longue date, bien que plus récents (le tubiste François Thuillier, le trompettiste Laurent Blondiau, les saxophonistes Guillaume Orti et Laurent Dehors, le batteur Éric Echampard ou le contrebassiste Claude Tchamitchian) et guests jubilatoires (le saxophoniste Thomas de Pourquery et le cornettiste Médéric Collignon), Andy Emler mène depuis ses claviers bienveillants cette sarabande organisée qui sonne de bout en bout comme une célébration du groove, et où des paysages sonores se tissent et se défont au gré d’arrangements élaborés (ceux des cuivres, notamment), n’en réservant pas moins toute sa place à l’expression, qu’elle s’avère collective ou soliste (cf. notamment ce renversant “Les Ions Sauvages” de près de dix minutes, ou encore la plage titulaire, où la guitare de Nguyên Lê se taille la part du lion, rappelant à la fois les audaces d’un Mike Stern et du Zappa de la grande époque). Un enchantement sensuel, témoignant s’il en était besoin, de la vivace créativité du jazz actuel.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 15th 2021

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