Andy Emler MegaOctet – E Total

La Buissonne / Harmonia Mundi
Jazz

Suite à sa candidature refusée à la direction de l’ONJ en 1989 (c’est le guitariste Claude Barthélémy qui décroche la timbale pour un premier mandat), le pianiste Andy Emler monte son MegaOctet comme un chercheur son laboratoire. Les neuf musiciens (cherchez l’erreur) aussi virtuoses qu’extravagants sont peu programmés pendant leur quinze premières années d’activité et n’obtiennent qu’une reconnaissance tardive de la presse spécialisée. Ce 6ème album, nouvelle suite de près d’une heure autour de la fondamentale Mi, sort donc dans un contexte favorable. Et ‘Good Games’ ne pouvait constituer meilleure introduction: cuivres et anches débarquent sans crier gare au bout d’une minute sur des structures de piano proches de riffs de guitare. L’ambiance est à mi-chemin entre la B.O. de film policier des 70s et le Zappa vintage (le marimba de François Verli n’est pas sans évoquer celui de Ruth Underwood). Se succèdent alors de longues plages à la mise en place rigoureuse, puis improvisées (la clarinette de Laurent Dehors qui survole l’anxiogène ‘Father Tom’, la voix de Thomas de Pourquery qui prend vie sur le motif répété de ‘Shit Happens’): une alternance qui fonctionne plutôt bien jusqu’au final ‘Start Peace’, trop décousu pour retenir l’attention.
‘E Total’ se veut donc contemporain et aventureux, à mille lieux de ‘Pause’, l’album de 2011 qu’Andy a élaboré en comité plus restreint autour de l’orgue de l’abbaye de Royaumont.

Jean-Christophe Baugé
Metal Obs’ / Noiseweb/ Paris-Move
Andy Emler