André Williams

Bloodshot / Differ-Ant
Blues

Comme feu Kim Fowley, André Williams s’avère à la fois un escroc et un proxénète. Et comme Brian Eno, un vampire dénué de tout talent, si ce n’est celui de se repaître de ceux des congénères. Mais ne vous sauvez donc pas en courant, dans son genre ce type est un génie. Une carrière (et une vie) en dents de scie. Cet érotomane notoire a si souvent embrassé le bitume et le caniveau (pour s’en relever chaque fois), que l’on hésite pour le décrire entre Vil Coyote et le Phénix. Alors qu’importe si ce sont ses acolytes (ici, Jim White et Dennis Coffey) qui prêtent à des brûlots tels que "Times" ou "Detroit (I’m So Glad I Stayed)" cette touche psycho-funk entre Hendrix et Prince. Car depuis ses premiers hits ("Jail Bait", "Bacon Fat", "Humpin’, Bumpin’ & Thumpin’"), cet allumé majeur écrit, tout comme le dénommé Swamp Dogg, la part maudite et libidineuse du rhythm n’ blues – celle la même qui semblait désormais confisquée par le rap. Il suffit pour s’en convaincre de prêter l’oreille à son terrassant talk-over sur "Hall Of Fame": si ce fut bien Gil Scott-Heron qui initia le genre, André s’en avère à ce jour le plus crédible des héritiers. La conscience afro-américaine au fond du bidet, aussi inimitable qu’insurpassable, le dernier des grands originaux… Mesdames et Messieurs, le Lou Reed noir…!!

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder

André Williams