ALTIN GÜN – Ask

Glitterbeat / Modulor
Psych-world
ALTIN GÜN - Ask

Dans les années 60 et 70, les expatriés produisaient déjà des musiques singulières. Il n’est que de se souvenir des Easybeats, improbable formation d’émigrés bataves et écossais au pays des kangourous (qui n’en cartonnèrent pas moins de par le monde avec “Friday On My Mind”, “Good Times” et autres “Women”), de Jimi Hendrix ou des Stray Cats en Angleterre, voire des regrettés Count Bishops (groupe établi à Londres au temps du pub rock, mais ne comprenant pourtant aucun sujet Britannique), ou encore du Gong de Daevid Allen, Steve Hillage et Gilly Smith, qui fit les beaux jours de la scène pop française des seventies. Avec Altin Gün, on atteint un niveau supérieur d’exotisme, puisque ses deux fondateurs Turcs exercent depuis les Pays-Bas au sein d’un line-up mixte d’autochtones locaux. Il n’en demeure pas moins que leur substrat anatolien y surplombe un psyché-funk rock depuis leur tout premier album, paru en 2018. Pour celui-ci (leur cinquième à ce jour), ils reviennent à leurs premières amours folk n’ groove, après leurs deux dernières livraisons dominées par des sons numériques. Dès le frénétique “Badi Sabah Olmadan”, on est saisi par ce goût de déjà vu: ne serait-ce pas la rencontre inattendue de la pop ottomane avec le space-rock initié par Hawkwind? Sur un beat effréné, une slide guitar psychédélique à souhait vous entraîne dans une bacchanale à damner le plus dévôt des derviches tourneurs, tandis que la section rythmique fonce droit devant, comme si elle avait une horde de gardes frontières aux trousses… La suite se déroule en break-beats sinusoïdaux, avec des “Su Siziyor” et “Kalk Gidelim” à enflammer les dance floors du Bosphore. Sur “Leylim” Ley” et “Dere Geliyor”, les synthés de la chanteuse Merve Dasdemir et de Jasper Verhulst habillent d’atours acides des mélopées traditionnelles, avant que le vintage roots funk de “Çit Çit Çedene” et “Rakita Su Katamam” ne reprenne ses droits, toutes fuzz et wah-wah dehors. L’électro disco par lequel la formation s’est imposée sur les scènes européennes n’a droit de cité que sur la plage ultime, en guise de clin d’œil. Pour le reste, d’Istanboul à Ankara (et partant de leur Amsterdam d’élection), Altin Gün poursuit son irrépressible parcours en arabesk. Aussi captivante qu’envoûtante, une expérience sonore et sensorielle à ne pas manquer. Si vous n’aimez pas danser binaire, vous allez vous régaler: tout ce que promettait le Zep avec “Kashmir” éclot ici en feu d’artifice!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 21st 2023

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En concert les 15 et 16 avril 2023 au Trianon, à Paris, et le 18/04 au Transbordeur à Lyon.