World

Née au Congo et élevée au Brésil, Alpha Petulay y commença à composer dès l’âge de dix ans. Elle n’en avait que vingt quand parut en 2001 son premier album, “Delight Tribal”. Débarquée en France cinq ans plus tard pour y assurer la première partie d’une tournée de la grande Susheela Raman, elle y publia en 2009 “Ni Shye Project”, suivi en 2011 d’un EP 4 titres, “Uhuru”, puis de “Take Me” en 2013. L’année suivante, elle assura l’ouverture d’un concert de Staff Benda Bilili, avant d’en faire autant pour Jacques Higelin, et de publier en 2019 “Right Now”. Avec ce nouvel opus, le bien nommé “Listen”, elle réaffirme en puissance et sensibilité le panel de ses références métissées. D’afrobeat mâtiné de raggamuffin (la plage titulaire) en bidouillages dub, entre Police circa “Outlandos d’Amour” et Clash période “Sandinista” (“Abishe”), space-merengue jazzy (“Do You Know”), voire biguine électro à la sauce Bamako (“Job Yetu”, “Mazimu”), world-pop façon Youssou N’Dour meets Peter Gabriel (“Pokeleia” et le carrousel emballé de “Kwenda Leo”), ou encore Massive Attack (“Here We Are”), ce disque s’avère un magistral melting pot pan-atlantique. Au beau milieu de ce grand mix, le faussement désuet “Myself” donne l’impression passablement troublante d’entendre Nina Simone et Sylvie Vartan bousculées par Alan Vega et Mulatu Astatke, tandis que, chanté en portugais, “Silencio” n’aurait pas déparé une BO de la Movida dessalée d’Almodovar. Si vous imaginiez benoîtement avoir perçu les limites de la fusion world avec Ry Cooder, Ali Farka Touré et Damon Albarn, vous pouvez reprendre le sac à dos: Alpha Petulay vous propose à présent le grand jeu!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, July 15th 2024

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