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Diplômé du Berklee College Of Music en 2019 et en phase avec l’agenda émotionnel de 2020, Alonzo Demetrius propose un premier album de jazz à charge contre l’industrie pénitentiaire américaine (PIC, Prison Industrial Complex). Le jeune trompettiste à lunettes sans correction et col Mao estime en effet qu’il est une autorité morale digne d’être écoutée sur des questions de métapolitique. Son manifeste, élaboré et nourri sur ademetriusmusic.com, est édifiant: adossé au think tank d’extrême gauche indigéniste leaderkeysunlocked.com, Alonzo Demetrius prône la double conscience, étendue à la race et au genre, théorisée par William E.B. Du Bois dans The Souls Of Black Folk en 1903. Dernière des quatre longues pièces rythmées par les expressions des forces centrifuges Angela Davis et Mumia Abu-Jamal, “F.O.O. Shit” – pour Fraternal Order of Oppressors – conclut même sur la violence systémique de la police. Au manque de sérieux doctrinal (quid de la réussite au mérite de Barack Obama?) s’ajoute une certaine malhonnêteté intellectuelle: aucun plan de saxophone ténor, contrebasse ou batterie ne peut se prévaloir de ne pas avoir déjà été enregistré ces 50 dernières années. Sans parler des mélodies de protest songs reprises in extenso. Cette praxis serait un formidable cheval de Troie du terrorisme communautaire si chaque titre ne plafonnait pas à moins de 200 vues sur YouTube trois mois après sa mise en ligne.
Jean-Christophe Baugé
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PARIS-MOVE, February 27th 2021