ALLY VENABLE – Heart Of Fire

Ruf Records
Blues-Rock
ALLY VENABLE - Heart Of Fire

Ally Venable n’a pas 22 ans, mais n’en publie pas moins son quatrième album en cinq ans de carrière. Et qu’elle soit native du Texas n’explique pas tout. Certes, depuis Ana Popovic, Vanja Sky et Jessie Lee, on ne s’étonne plus que la vision d’un manche de guitare tripoté par des jeunesses aux cuisses affriolantes puisse susciter un intérêt aussi coupable que diffus chez certains mâles en manque de stimulation. Mais songe-t-on jamais (ne serait-ce que fugacement) aux personnalités que dissimule cet exhibitionnisme de façade? Ces réserves jansénistes se pondèrent toutefois un brin à l’écoute des œuvres de ces valeureuses pucelles, reprenant l’oriflamme de Jeanne d’Arc pour le planter en territoire blues-rock. Lancé wah-wah au plancher sur un beat à la Bill Lordan et Buddy Miles, le riff de la plage titulaire évoque irrésistiblement Robin Trower (du moins jusqu’à ce que le timbre juvénile d’Ally entre en jeu), tandis que le country stomp “Hateful Blues” démontre les capacités de Mademoiselle au dobro et à la slide, tout en évoquant les hollers chorals des proverbiaux chants de coton. Co-signé par le grand Devon Allman, “Road To Nowhere” le présente en premier invité de marque, tant aux chœurs qu’à la guitare. Le second guest n’est autre que Kenny Wayne Shepherd, qui duettise à son tour sur l’enfiévré slow blues “Bring On The Pain”. On glisse dès lors insensiblement en terres sudistes, toutes guitares en sustain hérissées, avec ces “Hard Change” et “Do It In Heels” que n’auraient pas renié Lynyrd Skynyrd et consorts. Avec de nouvelles et ébouriffantes prouesses sur six cordes, “Sad Situation” nous ramène plutôt vers Bad Company, avant la surprise de l’album. Ally Venable rend en effet hommage au grand Bill Withers (disparu l’an dernier) en adaptant son célèbre “Use Me” (déjà repris en son temps par Mick Jagger sur “Wandering Spirit”). Par la grâce de son fidèle duo rythmique, cette cover vire au tour de force, avant que, toujours fidèle au héros texan disparu, Miss Venable ne célèbre à nouveau la mémoire de Stevie Ray Vaughan en un épique (et époustouflant) instrumental, inspiré en fait de son “Riviera Paradise”. L’album se referme sur le vindicatif “What Do You Want From Me”, même si en ce qui nous concerne, la question ne se pose plus. Qu’une si jeune personne puisse se montrer habitée à ce point par des musiques qui connurent leur apogée bien avant sa naissance ne laisse pas de susciter une certaine perplexité, mais n’en saluons pas moins l’aspect positif: après tout, elle aurait aussi bien pu se fixer sur Orchestral Manœuvres In The Dark, les Pet Shop Boys ou Madonna. Pour ce qui nous occupe, la relève semble donc bien venir des femmes: Jean Ferrat avait donc raison.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 10th 2021

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En ces temps bien maussades et même sinistres, il est compréhensible d’être à l’affût du moindre rayon de soleil et de la moindre sonorité harmonieuse et mélodieuse. Je dois reconnaître que l’on est comblé avec le quatrième album de la texane Ally Venable! Dotée d’un talent indéniable, elle nous impressionne sur les 11 morceaux que contient la nouvelle galette. Mike Zito ne s’y est d’ailleurs pas trompé lorsqu’il a commencé à collaborer avec elle. Pour confirmer mon assertion élogieuse, ce sont deux autres pointures du Blues qui viennent corroborer mes dire sur cet opus: Devon Allman et Kenny Wayne Shepherd, excusez du peu! C’est parce qu’elle pense que c’est précisément maintenant que l’on a besoin de messages positifs qu’elle s’est attelée à la tâche. Et c’est vrai qu’elle met tout son cœur et toute son âme dans ce qu’elle délivre. C’est Jim Gaines, en personne, qui a produit l’album au Bessie Blue Studio de Stantonville, Tennessee. C’est Elijah Owings qui est à la batterie, Bobby Wallace à la basse, Pat Fusco aux claviers, Jana Misener au violoncelle, Landon Moore à la basse et le batteur Cody Dickinson, qui n’est pas un novice non plus, vient aussi jouer de ses baguettes. Elle a composé tous les titres, exceptés le Hateful Blues de Perry Bradford qu’elle a arrangé (c’est ce même Perry Bradford qui a écrit Crazy Blues, la première chanson de Blues enregistrée par une artiste afro américaine en 1920), Road to Nowhere, qu’elle a composé avec Devon Allman, deux morceaux composés avec le guitariste Lance Lopez et le Use Me que Bill Withers avait écrit en 1972. Elle rend également hommage à Stevie Ray Vaughan en interprétant un Tribute to SRV, un superbe instrumental. Ally Venable a fait partie de l’une des expéditions de la Blues Caravan, il y a quelque temps, et il ne nous reste qu’à espérer qu’elle réitère l’expérience, pour que l’on puisse avoir le bonheur de la revoir en France!!!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, February 11th 2021

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