ALFIE SMITH – Every Rome Needs A Nero

Gilded Tooth Records
Americana, Blues
ALFIE SMITH - Every Rome Needs A Nero

Originaire de Hamilton, sur les berges du lac Ontario (Canada), le singer, songwriter et guitariste Alfie Smith publie son huitième album en un quart de siècle. Celui-ci a mis un bail à se concrétiser, ne serait-ce qu’en raison des conditions de son enregistrement. Monster Truck, célèbre formation canadienne de hard-rock (et résidente de Hamilton comme Alfie), l’avait d’abord invité à participer aux sessions de leur propre disque, quand le confinement lié à la pandémie en mit le processus à l’arrêt. Leur claviériste, Brandon Bliss, lui offrit alors d’user de leur studio à sa guise, en attendant que le lock-down soit levé. De fait, de re-recordings en invités, cet enregistrement s’est étalé sur deux années pleines, et puisque Alfie n’avait plus rien sorti sous son nom depuis belle lurette, ce come-back met fin pour sa part à une décennie d’abstinence discographique. Est-ce le cours actuel du monde qui lui inspire sa chanson titulaire? Sur un mambo beat lascif, “Every Rome Needs A Nero” sonne un peu comme le Tom Waits de “Heartattack And Wine” (avec la trompette New-Orleans de Troy Dowding), et l’on n’a guère de peine à en saisir la métaphore. “East End Girl” emprunte à Willy De Ville et Springsteen son parfum Tex-Mex chaloupé, tandis que l’on peut y apprécier le timbre ténor d’Alfie, tout en dégustant son légendaire doigté au bottleneck (lequel n’a rien à envier à celui d’un Ry Cooder). C’est le grand Jesse O’Brien en personne qui assure le ragtime piano sur “All The Blues I Need”, dont la trompette bouchée de Troy accentue le cachet rétro façon Big Maceo. Drivé par une Resophonic en glissando, “Sweet Perséphone” harangue la déesse grecque des Enfers, tandis que “Time Is A Rocketship” et “Mule” reprennent des accents waitsiens. Outre les huit originaux que comprend cette rondelle, Alfie y propose également deux covers: “Shake Sugaree” de la regrettée Elizabeth Cotten (guitariste gauchère jouant sur un accordage pour droitier, et révélée sur le tard par la famille de Pete Seeger), et le fameux “Bird On A Wire” de feu Leonard Cohen. Étayé par un noyau de musiciens top-notch (Justine Fischer à la basse, Dave Gould à la batterie et Bliss en personne au Hammond B3), voici donc un LP aux accents poisseux (tour à tour réminiscents des tripots et du bayou), présentant de surcroît quelques perles de songwriting old-school comme on n’en pond plus guère depuis que John Prine, Tony Joe White et Kris Kristofferson ont replié les gaules (“Stupid Fool”, déjà paru en 2014 sur son album en duo avec sa régulière, Nicole Christian, ou encore “Blue Fire”). Bref, Alfie, ça valait manifestement la peine de t’attendre, mais ne nous laisse plus si longtemps sans nouvelles, OK?

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, November 21st 2024

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