ALEX THE ASTRONAUT – The Theory Of Absolutely Nothing

ADA / Nettwerk Music Group
Pop
ALEX THE ASTRONAUT - The Theory Of Absolutely Nothing

Sous ce pseudonyme déroutant de ALEX THE ASTRONAUT se dissimule avec malice Alexandra Lynn, autrice/ compositrice/ interprète australienne de 25 ans. Partie de son Sydney natal pour étudier les maths et la physique à l’université de Long Island (où elle participa aussi à l’équipe de foot), elle a publié deux E.P.s et un album live, avant sa première livraison studio long-playing que voici. L’enjoué “Happy Song” d’ouverture donne l’impression d’entendre Suzanne Vega interprêtant un inédit de Noel Gallagher. Effet qui se prolonge avec “Lost”, abordant avec sensibilité un sujet sérieux: celui des grossesses adolescentes non désirées. Sur “Split The Sky”, cette collusion Britpop révèle de fait un réel talent de songwriter, avec pour avantage sur les apôtres mancuniens du genre une singulière capacité à traiter des thèmes graves sur un ton faussement détaché. Évidence qui se confirme au fil des splendides “I Like To Dance” et “Christmas In July”, où le contraste entre l’accent prononcé d’Alex Lynn et le romantisme délicat des arrangements traduit avec acuité le mal-être d’une femme abusée et désorientée. “I Didn’t Know”, “Caught In The Middle” et “Banksia” prolongent cette veine confessionnelle, dont la trame mélodique emprunte des bases folk pour les transposer en un contexte pop catchy à souhait. “I Think You’re Great” rappelle ainsi la verve joviale et fédératrice de Supergrass, tandis que “San Francisco” corrobore la précocité d’une plume avec laquelle il faudra indéniablement compter. Avec son timbre gouailleur, ses lyrics sagaces et la verve qu’elle emploie à les délivrer, ALEX THE ASTRONAUT pourrait s’avérer la Calamity Jane dont la pop pasteurisée actuelle aurait bien besoin. C’est tout le mal qu’on lui souhaite – un Ray Davies, un Sufjan Stevens ou un Ron Sexsmith au féminin pour nos temps troublés, ça aurait de la gueule, pas vrai?

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 25th 2020