ALEJANDRO ESCOVEDO – Echo Dancing

Yep Roc
Electro-Americana
ALEJANDRO ESCOVEDO - Echo Dancing

À l’approche de l’âge auquel vient de nous quitter Frédéric Mitterrand (et bien que rien ne puisse les assimiler), Alejandro Escovedo éprouve à son tour le besoin de se pencher sur son passé. Élu en 1998 “songwriter de la décennie” par le magazine No Depression, cet initiateur de la vague cow-punk (au sein de Rank & File) résuma lui-même sa carrière à bas bruit sous le titre “More Miles Than Money”… Sans remonter jusqu’à l’ère de son premier band (The Nuns, qui ouvrirent en leur temps pour des Sex Pistols au bord de la rupture), Alejandro se pique cette fois de revisiter quatorze de ses propres compositions, dont certaines datent tout de même de ses True Believers (1986) et Buick MacKane (1997). Sur un mode electro-garage évoquant ce que les Seeds auraient pu livrer s’ils avaient été produits par Alan Vega (cf. “Outside Your Door”), le “John Conquest” d’ouverture sonne comme le Iggy Pop de “Kill City” accueillant la lead guitar du Lou Reed de “I Heard Her Call My Name” pour une bacchanale destroy. Avec sa beat-machine obsessive, “Sacramento And Polk” pousse même la comparaison jusqu’au “Frankie Teardrop” de Suicide, tandis que “Bury Me”, “Everybody Loves Me” et “Too Many Tears” réchaufferont les abattis de maints nostalgiques des Cramps et du Gun Club. Et si vous vous êtes jamais posé la question saugrenue d’imaginer à quoi pourrait bien ressembler un dub industriel (hormis “In The Death Car” dans “Arizona Dream”), la réponse réside dans le ci-devant “Castanuelas”. “Inside This Dance” prolonge cette sensation d’ouïr une collaboration inopinée entre Goran Bregovic et Ry Cooder, et au milieu de ce cimetière de véhicules perclus par la corrosion, l’angélique et sépulcrale piano driven ballad “Sensitive Boys” fait figure d’homélie façon “Berlin”. Le majestueux “Last To Know”, ainsi que “Wave” et “Thought I’d Let You Know” ressuscitent le Bowie de “Low”, tandis que le languide “Swallows Of San Juan” (co-signé avec Chuck Prophet, pour le “Real Animal” de 2008) se dépouille des oripeaux dont l’avait orné Tony Visconti. Bien que la plupart des rebelles du demi-siècle dernier aient fini par s’assagir, Escovedo n’en poursuit pas moins sa trajectoire singulière et radicale. La photo peut être floue, mais l’intention reste claire: grâce lui en soit rendue.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, March 23rd 2024

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https://www.youtube.com/watch?v=zQ6yDXKeEgc